C'est un genre d'Ile de la tentation où des couples viennent tester la solidité de leur relation et la fidélité de leur partenaire en tentant de résister à des prétendants chauds du slibard. Déjà, avec ce pitch, c'est souvent le bordel. Mais si en plus la production décide de faire croire aux participants que leur partenaire les a trompés en utilisant la technologie Deepfake, là, ça devient presque de la torture.
Cette idée tordue, Netflix l'a eue pour une télé-réalité espagnole disponible depuis le début du mois de juillet, baptisée False amor (L'amour fake, en français). Cinq couples engagés dans des relations sérieuses de plusieurs mois ou de plusieurs années vont être séparés et vivre dans des maisons de rêve au bord de la mer appelées «Mars» et «Vénus», toutes deux remplies de célibataires en chaleur.
Le lendemain du premier jour de l'expérience, ils se rendent dans une sorte de bulle blanche futuriste et chaque moitié de chaque couple voit des vidéos de son partenaire en train d'embrasser un ou une prétendante. Là, évidemment, c'est le choc. Certains pleurent, d'autres se lèvent furieux. Une fois que les couples ont visionné les vidéos traumatisantes, l'animatrice Raquel Sánchez Silva leur dit que ces séquences sont potentiellement truquées grâce à la technologie Deepfake. C'est là que le jeu commence: les couples, avec le peu de sang froid qu'il leur reste, doivent deviner si les scènes qu'ils voient sont truquées ou non.
Comment font-ils pour ne pas se barrer en courant de ce cauchemar? La raison est simple: il y a 100 000 euros à la clé. Et pour les gagner, il ne s'agit pas d'être fidèle. Les gagnants seront les couples qui parviendront à déchiffrer le plus grand nombre de vidéos, manipulées par l'intelligence artificielle ou pas.
Pour embrouiller au maximum les couples, des sosies habillés de la même façon qu'eux ont recréé certaines scènes. Concrètement, cela signifie qu'un candidat peut être en train de parler avec une célibataire dans la piscine en tout bien tout honneur, puis que des acteurs rejouent la séquence en s'embrassant et en disant des choses sales sur leur partenaire.
La prod' utilise la technologie Deepfake. Résultat: dès le premier épisode, un candidat remet en question sa relation de cinq ans avec son compagnon, d'autres pleurent en voyant leur partenaire en train d'embrasser passionnément quelqu'un d'autre alors qu'en réalité, ils n'ont même pas touché l'autre personne.
A la fin de l'expérience, chaque couple découvre quelles vidéos étaient authentiques et lesquelles étaient truquées, histoire de bien enfoncer le clou.
Le concept est assez malsain et brutal. C'est le genre d'émission qu'on mate comme on regarde un accident de voiture sur l'autoroute. Néanmoins, malgré un pitch alléchant pour ceux qui aiment la télé-réalité trash, on s'ennuie rapidement. L'émission manque de rythme et on a de la peine à s'attacher aux candidats qu'on confond de temps à autre. On nous montre, par exemple, la réaction de chacun d'entre eux, dix personnes en tout, en découvrant qu'ils ont été trompés (pour de vrai ou pour de faux) et c'est franchement trop long. N'oublions pas que les candidats ont décidé de participer à une émission de télé-réalité style Ile de la tentation, on ne va pas non plus trop les plaindre.
Les maisons et la déco font moyennement envie, les célibataires manquent de relief, on dirait des pions interchangeables et malgré l'utilisation d'une technologie de pointe, la réalisation de l'ensemble du show fait cheap. Mais cette télé-réalité nous oblige à nous poser des questions sur le potentiel destructeur de l'intelligence artificielle. L'IA ne sert pas seulement à habiller le pape en Balenciaga, elle peut également bousiller des vies.
«L'amour fake» est disponible depuis le 6 juillet sur Netflix.