Pour beaucoup d'entre nous, la bûche de Noël se résume à une imitation bois avec un petit Père-Noël en massepain, mais dans des mains de maîtres confiseurs, ce dessert typique de nos fêtes de fin d'année peut se transformer en véritable œuvre d'art.
Nous avons sélectionné quelques orfèvreries pâtissières issues des mains les plus prestigieuses de France et de Navarre, mais également de Romandie, puisqu'on en trouve aussi à Genève, comme l'a très bien relevé l'organe helvétique du Gault &Millau.
Cédric Grolet, c'est le pâtissier star du moment, puisque ses créations souvent très chères ont tendance à secouer les réseaux sociaux. Oeuvres géniales pour les uns ou arnaque pour les autres, c'est selon. Cette année, c'est son Bonhomme des Neiges qui a fait jaser.
Le chef pâtissier attitré de l'hôtel Le Meurice, spécialisé dans le trompe-l’œil, signe une bûche inspirée de la vanille sous toutes ses facettes, jusqu'à reproduire sa gousse. La production, qui n'est pas sans nous faire penser à deux concombres carbonisés, peut s'acquérir pour 130 euros. Oui, ça fait cher les cucurbitacées.
Pour rester dans le thème du trompe-l’œil, le Four Seasons Hôtel des Bergues situé à Genève offre cette année la possibilité de déguster une pive. Mais gare aux apparences, ce qui semble être une simple pomme de pin en chocolat se révèle être une génoise recouverte d'un croustillant de noisettes. Le précieux est fourré à la myrtille et enrobé d'une couche de citron confit aux bourgeons de pin. Une bûche disponible pour la modique somme de 90 balles la pive (alors qu'en forêt, c'est gratuit).
Ce papillon monarque qui semble être gravé sur de la porcelaine est inspiré d'un motif imaginé pour la collection Dior Croisière 2024. Sous ses ailes imprimées de dessins poétiques qui évoquent les plus fines dentelles, on trouve un biscuit et une mousse au chocolat, un crunchy noisette et grué de cacao, un caramel vanillé et un crémeux à la vanille, au fromage blanc et au citron. Signé par Jean Imbert et ses pâtissiers, cet élégant monarque est posé sur un socle en chocolat dulcey. Pour le prix, c'est comme l'année passée: un rein.
Quelque part entre un poivrier design et les jouets en bois de bébé, voici la bûche nommée «Extraleganza». Elle est signée par le chef pâtissier de The Woodward à Genève, Titouan Claudet, pour la Maison Piaget. Sur un croustillant biscuit au chocolat noir, surmonté d’un crémeux chocolat à la fleur de sel, se cache un délicat cœur coulant au praliné, rafraichi d’un jus issu des cabosses de cacao subtilement fruité, enrobé d’une mousse légère parfumée au grué de cacao. Pour ces trois Duplo, qui peuvent tout de même nourrir 4 à 6 personnes, comptez 90 francs.
Du Louis Vuitton avec son monogramme un peu trop visible, tout le monde vous le dira, c'est show off, et il en est de même pour l'ornement floral qui l'accompagne. Vue comme le bien positionnel ultime, cette variante pâtissière se porte comme un de leur sac: sans trop de personnalité. Elle est signée par le chef pâtissier Maxime Frédéric, lequel est aussi derrière le café de la griffe. La bûche Louis Vuitton, c'est l'alliance raffinée des noisettes, du praliné onctueux et de la fleur de sel à 85 balles. À déguster avec du Moët & Chandon, pour faire encore plus plaisir à Bernard Arnault.
Voici le «Diamant noir» qui se déguste pour 118 euros. Cette bûche signée Maxence Barbot pour l'hôtel parisien Shangri-La se veut un hommage à la truffe, même si on essaie toujours de comprendre pourquoi elle est pourvue d'un sphincter. On y retrouve donc de la truffe cacaotée, de la mousse de vanille à la noix torréfiée, un caviar de vanille truffé à la noix caramélisée ainsi qu'un biscuit croustillant aux noix, et de la crème brûlée à la vanille. Bref, beaucoup de vanille et de noix dans cette truffe.
Biscuit nantais, praliné au maïs grillé, ganache montée au pop-corn et pop-corn caramélisés au chocolat blond: voilà tout ce qui compose le coeur de cette bûche cinématographique de Christophe Michalak. On aurait pu espérer un peu mieux d'un ancien champion du monde de pâtisserie. Bien que l'on puisse saluer la précision de la garniture, il n'empêche que l'on dirait littéralement un chocolat Kinder sur lequel on aurait collé des accessoires Playmobil. Comptez 80 euros pour 8 personnes, ça reste moins cher qu'une place de cinéma.
Cette bûche est une idée originale du chef Jean Imbert, qui possède un restaurant à son nom au sein du prestigieux Plaza Athénée de Paris. Cette bûche nommée «Mont Plaza» a été réalisée en collaboration avec le Meilleur Ouvrier de France et Champion du monde de la Pâtisserie, Angelo Musa et la Cheffe pâtissière Élisabeth Hot.
Dans ce diorama qui ressemble au contenu d'une boule à neige, on trouve une forêt de sapins en chocolat, de la châtaigne d’Ardèche, un biscuit parsemé de fragments de marrons surmontés d’une ganache ainsi que d’un crémeux, d’une mousse infusée de la châtaigne grillée et d’une brioche imbibée à la mandarine. On ignore cependant s'il faut la couper verticalement ou horizontalement. Comptez 125 euros la bûche, soit l'équivalent d'une journée de ski.
Cette création de Cyril Lignac aurait pu être signée par un candidat de l'émission Le Meilleur Pâtissier. Une bûche dont le sort dépendrait de la clémence de Mercotte sur la dégustation tant le motif ondulé semble évoquer une toile abstraite qui ornerait le mur d'une salle d'attente. En ce qui nous concerne, on est un peu déçus du résultat (oui, nous sommes des juges implacables). Néanmoins, pour 49 euros, cela reste la bûche la plus accessible de la liste. Cyril Lignac est un homme proche du peuple, et ça, mine de rien, ça compte dans la balance, surtout en période d'inflation.