Un homme âgé s'arrête en secouant la tête et regarde la file d'attente d'une centaine de mètres au Mall of Berlin. «Qu'est-ce qui se passe ici?», demande-t-il. Lorsqu'il apprend que les gens font la queue pour acheter une tablette de chocolat à 15 euros, il ne comprend pas.
Non, il n'y a pas de diamants dans le chocolat «Dubaï» de Lindt, mais des pistaches et du kadaïf, des vermicelles grillés.
Un engouement a émergé sur les réseaux sociaux au cours des derniers mois autour de cette friandise coûteuse. Le fabricant suisse de chocolat Lindt vend désormais pour la première fois sa propre version de ce chocolat, en édition strictement limitée.
En tout, 1000 tablettes seront produites, et ce matin à Berlin, 100 d’entre elles seront mises en vente. Beaucoup trop peu donc pour satisfaire tous les clients dans la file d'attente.
Pour obtenir une tablette de chocolat, il fallait patienter des heures devant le magasin, par une température d'environ trois degrés, jusqu'à ce que la vente commence à 10 heures.
Les étudiants Darius et Dominik ont attendu et gelé pendant deux bonnes heures et demie, et se tiennent maintenant devant le magasin avec leurs tablettes de chocolat.
Ils racontent qu'ils veulent profiter de l'engouement. Ils ont vu que les enchères ne cessent de monter, et que les tablettes étaient proposées à plus de 200 euros sur les plateformes de vente en ligne. Maintenant, ils veulent aussi vendre leurs tablettes.
Ils espèrent ainsi récolter chacun 250 à 300 euros. En jetant un coup d'œil sur une plateforme de vente très connue, on constate qu'ils ne sont pas les seuls à avoir eu cette idée. Dès midi, plusieurs des plaquettes vendues à Berlin y sont proposées, pour des prix allant de 120 à 400 euros.
Natascha, experte en vin, n'a pas non plus acheté sa tablette pour sa consommation privée. Elle propose des Wine Pairings, c'est-à-dire des combinaisons d'aliments comme le fromage ou le chocolat avec le vin qui va avec.
Pour ce faire, elle s'est postée devant le magasin à 7h15.
Mais il y a aussi des gens qui achètent le chocolat pour leur plaisir personnel. «J’ai fait la queue pour mon fils, afin qu’il ne sèche pas l’école», dit Elli en riant bruyamment. «Je plaisante, il n'aurait pas pu, sinon il serait mort.»
Le garçon est complètement fan du chocolat. «On connaît l'original de Dubaï, car on aime y voyager», explique-t-elle. Mais la première dégustation de la version Lindt ne l’a pas convaincue. «L’original est beaucoup plus épais et crémeux», dit-elle. «Celui de Lindt est beaucoup plus croustillant.»
Et de conclure:
Vers 11h30, les 100 tablettes sont déjà épuisées. Les employés distribuent des bons de réduction aux personnes qui ont patiemment attendu et qui sont reparties bredouilles. Les malheureux peuvent également s'inscrire sur une liste d'attente pour la vente en ligne des chocolats de Dubaï.
Elif est l'une des premières à repartir bredouille, de justesse. «Je suis déçue. J'ai attendu deux heures et demie pour rien», dit-elle. Elle critique l'organisation de l'événement. «Je pensais qu'à 10 heures, les 100 premiers recevraient simplement leur chocolat. Mais là, tout a duré une éternité».
Traduit et adapté par Noëline Flippe