Peut-être avez-vous vu passer ces derniers jours sur vos réseaux sociaux une vidéo de la tour Eiffel recouverte d'une structure dorée mettant en avant le logo du prochain film Hunger Games: la ballade du serpent et de l'oiseau chanteur? Alors qu'à Londres, des images montrent des spectateurs fascinés par Big Ben, vêtue d'une gigantesque doudoune Northface.
En septembre dernier, c'était un rouge à lèvres géant sur le toit d’une voiture qui traversait Paris pour le compte de L'Oréal qui surprenait les internautes. En janvier, la marque de luxe Jacquemus faisait également le buzz avec des véhicules à l'effigie d'un célèbre sac de la marque, roulant eux aussi dans Paris.
Toutes ces séquences qui semblent être tournées au smartphone par des badauds découvrant ces scènes surréalistes sont évidemment fausses. Elles sont créées pour faire de la publicité en utilisant des techniques de street et de guérilla marketing.
Cette stratégie de publicité est basée sur la rue et sur des codes différents du marketing traditionnel. Comme son nom l'indique, cette forme de marketing s'inspire de la guérilla, qui ne suit pas les règles établies de combat ou qui utilise des tactiques particulières.
Allier le street marketing avec des prouesses numériques s'avère être une opportunité extrêmement intéressante pour les marques. En se dissociant de la publicité traditionnelle, qui coûte en diffusion, les marques récoltent ainsi les likes des internautes et la visibilité des contenus partagés, sans avoir à se soucier de l'importante logistique qu’une vraie campagne implique.
Pour ce faire, les marques font appel à de simples infographistes qui maitrisent les effets spéciaux et l'intégration d'éléments 3D dans des séquences filmées. Rien de très compliqué en soit, si ce n'est d'avoir l'idée de génie qui précède la réalisation.
Le vidéaste Ian Padgham, un Californien, s'est d'ailleurs spécialisé dans le domaine. Il compte à son actif de nombreuses vidéos créant des illusions, et de nombreux clients prestigieux ont fait appel à ses services afin de réaliser ce genre de contenus à forte tendance virale.
Le métro de Tokyo version Chat-bus de Mon Voisin Totoro. Une merveille de 3D réalisée par @origiful pic.twitter.com/I88GJ6ckA6
— Creapills 💊 (@creapills) October 26, 2023
C'est lui qui est à l'origine des sacs Jacquemus roulant dans Paris. Il a également conçu une campagne virale en juillet dernier pour Maybelline en utilisant les transports publics londoniens. Des brosses courbées installées dans les stations ou dans la rue venaient caresser des cils collés au sommet des wagons et des bus qui passaient en dessous.
Lors de la publication de cette vidéo qui a généré de fortes réactions, le réalisateur avait révélé la supercherie sur son compte LinkedIn:
Il explique avoir voulu à la base créer des démonstrations de faisabilité, où les marques peuvent évaluer les réactions suscitées par un coup marketing sans avoir à le réaliser. Bien qu'il espère voir ses projets prendre vie, il est convaincu que cette technique sera davantage utilisée à l'avenir.
Mais plus que de simples vidéos à but marketing, les vidéos créées par Ian qu'il poste sur son compte Instagram sont véritablement de petites œuvres d'art jouant avec notre naïveté et nous donnant l'illusion que la réalité est souvent meilleure quand elle est dépassée par la fiction.