Le catalogue Star Wars de la plateforme de streaming Disney+ dispose désormais de tout un choix de séries allant du meilleur comme The Mandalorian ou Andor, au plus décevant (comme Le Livre de Boba Fett pour ne nommer que celui-ci).
Dernière venue dans la galaxie sérielle de la plateforme, The Acolyte, contrairement aux autres séries Star Wars, ne s'inscrit pas dans la continuité des films sortis. En effet, la série nous propulse une centaine d’années avant les événements de La menace fantôme (1999) dans une époque mythique de l'univers Star Wars: La Haute République.
Une ère bien connue des fans qui avait été explorée jusqu'à présent en romans, en bande dessinée et jeux vidéos, mais encore jamais à l'écran. À cette époque, la République galactique est à son apogée et les chevaliers Jedi, les garants de l'ordre et de la paix, connaissent leur âge d'or.
Une période paisible qui va être troublée par une série de meurtres mystérieux dont les victimes sont des Jedi eux-mêmes. Maître Sol (Lee Jung-jae de Squid Game) est missionné pour mener l'enquête à la recherche de cet assassin initié aux pouvoirs de la Force et qui semble répondre à un maître obscur.
La vision des deux premiers épisodes de The Acolyte rassure. Bien évidemment, elle souffre des mêmes tares que les autres séries dérivées de la saga avec une intrigue légèrement poussive enfermée dans un format frustrant de 30 minutes.
Cependant, elle offre au spectateur un nouveau regard sur la mythologie créée par George Lucas en 1977 en s'éloignant de l'Empire, des Jedis survivants et de la rébellion. Une première dans les productions Disney qui se contentaient surtout de créer des ponts entre chaque film.
Par cette immersion dans l'ordre Jedi en pleine hégémonie, The Acolyte vient entacher cette vision manichéenne de la Force ou les Jedi sont synonymes de vertus et les Sith le mal absolu. En plaçant ses personnages dans une zone grise et en montrant les failles du dogme Jedi, la série continue sur la lancée amorcée maladroitement par la dernière trilogie à vouloir mettre un peu de nuance dans la balance entre le côté lumineux et obscur de la Force.
De plus, la série bénéficie d'une introduction démentielle, faisait l'honneur à la démonstration de pouvoir qu'implique l'utilisation de la Force. Dans un duel impliquant la Jedi Indara (Carie-Anne Moss, la Trinity de Matrix) face à son mystérieux assassin, les premières minutes de l'épisode pilote offre une chorégraphie inspirée des arts martiaux qui s'éloigne des sempiternels combats de sabre laser et de fusillades à coups de blasters.
En revanche, là où Andor offrait une véritable dramaturgie et une direction d'acteurs irréprochable avec des têtes d'affiche comme Diego Luna et Stellan Skarsgård, The Acolyte souffre de choix d'écriture parfois expédiés et des personnages qui manquent de chien.
Si la série bénéficie de quelques noms qui inspire la sympathie comme Carrie-Anne Moss et Lee Jung-jae, les nouvelles têtes se montrent particulièrement insipides le temps de ces deux premiers épisodes.
Bonne nouvelle au demeurant, l'homme de l'ombre qui tire les ficelles s'avère véritablement charismatique et on qu'a une seule hâte, le voir à l'action avec son sabre rouge. Bien que nul n'arrive à la cheville de Vador, cela faisait longtemps qu'un antagoniste terrifiant n'était pas apparu.
The Acolyte a séduit la critique, c'est en tout cas ce que disent les 92% d’avis positifs répertoriés sur le site Rotten Tomatoes. Or, il s'avère que toute une partie de la fanbase de Star Wars a détesté la série, puisque son score public chute à 27%.
Difficile de ne pas y voir une forme de contestation de la part d'une frange de fans qui ne supportent pas de voir la politique inclusive de Disney, bien que Bob Iger, PDG de la firme aux grandes oreilles, dément toute forme d'agenda au sein de son entreprise.
Bien avant le lancement de la série, l'annonce de Leslye Headland, ouvertement lesbienne, en guise de showrunneuse était suffisant pour qu'on accuse Lucasfilm de vouloir intégrer des idées LGBTQI+ dans l'univers de Star Wars.
De plus, parce que The Acolyte met le sexe féminin à l'honneur en ayant une femme noire comme interprète principal et un casting issu de la diversité, il n'en faut pas plus pour qu'une part toxique de cette communauté y voie du «wokisme» au forceps, allant jusqu'à crier à un manque de respect face à l'héritage de Star Wars - parce que la série intègre des arts martiaux.
Qu'on aime ou qu'on déteste, le succès est dans tous les cas au rendez-vous puisque la série a généré 4,8 millions de visionnages le jour de son lancement, soit le meilleur démarrage pour une série Disney+ cette année.