La Russie, qui souhaitait s'impliquer dans la COP27 en Egypte, avait envoyé l'ancienne star de hockey sur glace et président d'une organisation russe de protection de la nature, Viatcheslav Fetissov, à Sharm el-Sheik. Objectif? Parler de la protection du Pôle Nord. Mais malgré son invitation, «personne ne s'est présenté», a-t-il expliqué au Washington Post.
Pendant ce temps, les troupes russes subissent une défaite humiliante après la précédente en Ukraine. A l'est, les soldats ont fui tête baissée, au sud, les Russes ont dû à nouveau quitter Kherson. Et les Ukrainiens n'envisagent pas de faire une pause pour l'hiver. Le général Valeriy Saluschnyj, commandant en chef et nouveau héros national, a récemment posté sur Facebook un message sans équivoque:
Jusqu'ici, tout va mal pour les Russes. Mais sur le plan économique, selon les pro-Poutine, l'Occident se trompe: malgré toutes les sanctions, l'économie russe ne s'est pas effondrée. Au contraire, le rouble est plus fort que jamais et l'inflation est plus ou moins sous contrôle.
Pour en arriver à cette conclusion, il faut renverser les rapports économiques. C'est ce que montre Konstantin Sonin, professeur d'économie à l'Université de Chicago, dans un article publié dans le magazine Foreign Affairs.
Toutefois, le rouble fort n'est pas un signe de force économique. Il montre au contraire que les sanctions sont efficaces. La Russie n'est plus en mesure d'importer des biens de l'Ouest, faisant donc chuter les importations de 40%: un effondrement qui n'était pas prévu. C'est pourquoi la Russie a désormais un excédent massif dans sa balance commerciale. «La conséquence est que le rouble s'est apprécié par rapport au dollar», pointe Konstantin Sonin.
Les sanctions n'ont pas d'effet immédiat, c'est connu. Mais le fait que la Russie n'ait qu'un accès limité aux puces et aux semi-conducteurs a déjà des conséquences massives. «Entre mars et août, la production automobile russe a chuté de 90%, ce qui est étonnant», explique Konstantin Sonin.
La guerre modifie également les rapports de propriété dans l'économie russe. Déjà après la crise financière de 2008, Poutine a de nouveau nationalisé d'importantes industries. «Dans certains cas, il les a placées sous le contrôle direct du gouvernement, dans d'autres sous le contrôle des banques publiques», souligne Konstantin Sonin.
Cette nationalisation par la petite porte a déjà porté préjudice à l'économie russe. Entre 2009 et 2021, le produit intérieur brut russe n'a progressé que d'un maigre 0,8% par an en moyenne. La guerre contre l'Ukraine a encore favorisé cette nationalisation rampante.
Depuis le mois de mars, le Kremlin a promulgué des lois et des ordonnances qui permettent au gouvernement de fermer des magasins, d'imposer des objectifs de production et de dicter les prix. En outre, le fait que des centaines de milliers de Russes aient soit fui hors du pays, soit enrôlés comme soldats, n'a pas non plus renforcé la situation financière de la Russie.
Grâce aux armées privées d'Evgueni Prigojine et de Ramzan Kadyrov, la corruption qui sévissait déjà en Russie a pris une nouvelle ampleur. Dans les années 90, les oligarques de l'époque ont entretenu leurs propres troupes de protection, créant ainsi une situation mafieuse. Une suite à ce film se profile à l'horizon.
Jusqu'à présent, aucune issue n'est en vue pour sortir de cette situation délicate. Poutine campe fermement sur sa position et, contrairement à Nikita Khrouchtchev en son temps, il n'est pas prêt à négocier avec l'Occident. L'ancien homme le plus puissant de l'URSS avait fini par céder lors de la crise de Cuba en 1962 et avait accepté un accord pour sauver la face.
L'administration Biden tente de persuader Poutine de conclure un accord similaire, sans succès jusqu'à présent. L'historien Timothy Naftali constate également dans Foreign Affairs que:
En théorie, il est possible que Poutine soit renversé. Cela ne changerait rien au marasme économique. «Même si Poutine perd le pouvoir et que ses successeurs ordonnent des réformes significatives, il faudra au moins une décennie pour que la production économique et la qualité de vie des gens retrouvent le niveau qu'elles avaient il y a un an», explique Konstantin Sonin.
Traduit et adapté de l'allemand par sia