Le cours de l'euro par rapport au franc suisse est reparti à la baisse. Fin juillet, 1 euro coûtait pour la première fois de l'année moins de 96 centimes. Depuis lundi, il semble que la devise se dirige vers un séjour prolongé sous la barre des 96 centimes.
Il y a toujours de nombreux facteurs aux fluctuations des taux de change, raison pour laquelle il n'est guère possible de faire des prévisions fiables. Mais avec le recul, les mouvements des taux de change permettent souvent de tirer des enseignements importants sur l'évolution effective ou attendue de l'économie.
En Suisse, le taux d'inflation est retombé dès le mois de juin sous la barre des 2% qui signifie la «stabilité des prix» selon la Banque nationale et s'est maintenu à 1,7% en juillet. Les gardiens du franc pourraient donc faire une pause lors de leur prochain examen de la situation monétaire du 21 septembre et laisser le taux directeur au niveau de 1,75% atteint en juin.
En revanche, le taux d'inflation dans la zone euro est toujours beaucoup trop élevé. Le taux dit de base a atteint en juillet un niveau de 5,3%, ce qui laisserait présager, pour la prochaine réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 14 septembre, une nécessité claire d'augmenter le taux directeur de 4,25% à au moins 4,5%.
Mais l'affaiblissement continu de la situation économique dans tous les pays industrialisés, surtout dans la zone euro, a ébranlé les prétendues certitudes des acteurs du marché quant à l'orientation future de la politique monétaire. La BCE pourrait décider en septembre de ne pas procéder à une nouvelle hausse des taux d'intérêt. D'autant plus que certains signes indiquent que la dynamique des prix s'affaiblira d'elle-même dans les mois à venir, estime Alexander Koch du groupe Raiffeisen.
L'économiste de Raiffeisen attend toutefois de la Banque nationale suisse une nouvelle hausse du taux directeur dans quatre semaines. Et ce, même si l'inflation en Suisse se situe à un niveau bas et rassurant:
Vu le niveau du taux directeur en Suisse, qui semble encore assez bas par rapport à celui d'autres banques centrales, le risque. Un taux directeur plus positif donne par ailleurs à la Banque nationale une plus grande marge de manœuvre lorsqu'elle doit donner des impulsions à l'économie en période de récession ou même de déflation.
Mais que pense l'économie de ce scénario qui forcerait les entreprises à payer davantage d'intérêts uniquement pour donner une marge de sécurité à la BNS?
Selon lui, le problème principal de l'industrie locale n'est pas tant la cherté du franc. Il s'agit plutôt de la faiblesse de la demande étrangère, due à la situation conjoncturelle. Le cours de l'euro par rapport au franc suisse en témoigne.
Un euro sera-t-il donc bientôt vendu 93 centimes, comme de nombreux économistes l'avaient prédit en septembre pour la fin de l'année?
Traduit et adapté par Nicolas Varin