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L'inflation baisse aux Etats-Unis et c'est bien pour la Suisse

L'inflation baisse aux Etats-Unis et c'est bien pour vous

Tout ne va pas de travers en matière de coût de la vie: des tendances globales permettent de se réconforter et quelques conseils aident à économiser.
17.09.2022, 15:0017.09.2022, 15:00
Niklaus Vontobel / ch media
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Le pic de l'inflation est dépassé, du moins c'est ce qui semble être le cas aux Etats-Unis. En juin, les prix avaient augmenté de 9,1% par rapport à l'année précédente. En juillet ils étaient encore 8,5% plus élevés et maintenant 8,3%.

L'inflation est donc toujours plus élevée qu'elle ne l'a jamais été depuis quatre décennies. Cependant, elle est néanmoins en recul dans les pays occidentaux. Ce nouveau tournant est avant tout la conséquence de tendances mondiales, qui soulagent, entre autres, les consommateurs en Suisse.

L'une de ces tendances se retrouve dans les produits alimentaires: les prix mondiaux des céréales ou des huiles, par exemple, ont de nouveau nettement baissé. Les problèmes de la chaîne d'approvisionnement se sont atténués, comme en témoigne la baisse des prix des transports par conteneurs. Enfin, la baisse des prix du pétrole est particulièrement importante. Chacune de ces tendances a des conséquences sur le porte-monnaie et le budget des Suisses.

Le prix du pétrole brut en baisse

Le coût du pétrole a d'abord augmenté lorsque, après la crise du Covid, un boom économique est survenu et que la demande d'or noir est réapparue. Les prix ont connu une deuxième poussée quand la Russie a commencé son invasion de l'Ukraine et que l'Occident a décidé de recourir à des sanctions. Mais le marché du pétrole s'est rapidement adapté. La Russie a exporté davantage vers l'Inde et la Chine. Cette dernière a réussi à imposer de fortes réductions de prix – en dépit de toutes les déclarations d'«amitié éternelle» entre les deux pays. De son côté, l'Europe a importé davantage de pétrole du Qatar et de l'Arabie saoudite.

Le prix du pétrole a récemment été mis sous pression par la fin du miracle économique chinois. Le secteur immobilier du pays est en train de subir ce que le magazine britannique The Economist appelle une véritable «fusion nucléaire». Ce secteur représente un quart de l'économie et environ 70% de la fortune privée. Il n'est donc pas étonnant que les consommateurs soient de mauvaise humeur. Mais, une fois de plus, le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. Comme l'a titré le Wall Street Journal, le ralentissement de l'économie chinoise contribue à «contenir l'inflation dans le monde entier».

Le pétrole est désormais à nouveau nettement moins cher. Il y a quelques mois encore, le baril coûtait plus de 130 dollars. Dernièrement, il était inférieur à 95 dollars. La chute des prix à la pompe aux Etats-Unis pourrait bien avoir des conséquences politiques dans ce pays très dépendant à l'automobile. Lorsque l'essence était chère, les républicains pouvaient le reprocher sans fin au président démocrate Joe Biden. Elle l'est désormais beaucoup moins et selon les sondages, la cote de popularité de Biden est à nouveau en hausse, tout comme les chances de son parti lors des élections de mi-mandat à l'automne.

Joe Biden peut se réjouir, les Américains pourront faire le plein avec de l'essence moins chère.
Joe Biden peut se réjouir, les Américains pourront faire le plein avec de l'essence moins chère.Image: Shutterstock

Attention aux stations-service coûteuses

En Suisse, une benzine moins chère permet surtout d'alléger le budget des ménages.

  • Pour l'essence ou le diesel.
  • Pour le chauffage.

Selon l'Office fédéral de la statistique, un ménage moyen doit dépenser environ 130 francs par mois pour les carburants et un peu moins de 100 francs pour le chauffage. Le renversement de tendance concernant le pétrole brut apporte donc un allègement sensible, pour autant que les choses en restent là.

Néanmoins, le pétrole est encore relativement cher. Il vaut donc la peine d'explorer les possibilités d'économie. Le service de conseil Moneyland.ch a rassemblé quelques tips à ce sujet.

Ainsi, les automobilistes devraient faire attention à la région et à la station-service dans laquelle ils s'approvisionnent. En effet, les prix de l'essence sont élevés en Suisse et varient fortement. Les stations-service sur l'autoroute, par exemple, pratiquent souvent des prix plus élevés que les petites stations-service. Les personnes qui se déplacent le plus souvent sur le même trajet et qui traversent plusieurs régions devraient donc repérer la station-service la moins chère et toujours y faire le plein. Différents portails de comparaison en ligne peuvent aider dans cette recherche.

La fête est finie pour le transport de conteneurs

La tendance s'est également inversée au niveau des chaînes d'approvisionnement. Alors que la crise du Covid commençait seulement à s'estomper, les gens étaient encore réticents à l'idée de voyager ou d'aller au restaurant. En revanche, la demande de biens de consommation a explosé et personne n'était préparé. Par conséquent, les stocks n'étaient pas suffisamment remplis. Les consommateurs occidentaux ont subit deux conséquences:

  • Ils ont dû attendre ou prendre ce qui était en stock.
  • Parallèlement, le prix du transport par conteneur a explosé, ce qui a contribué à l'augmentation des prix à la consommation.

Entre-temps, la tendance s'est inversée. Dans le commerce, les stocks ne sont plus trop vides, mais trop pleins. Les gens achètent à nouveau moins de biens de consommation, mais partent en voyage et remplissent les restaurants. Le prix du transport maritime s'est effondré, ce qu'un analyste a commenté ainsi pour le Wall Street Journal: «La fête est finie.» Il y a donc une raison de moins pour que les prix à la consommation augmentent.

Pour les denrées alimentaires, le tournant se fera à l'automne

Le tableau n'est toujours pas réjouissant, mais il est moins inquiétant qu'au début de l'agression russe contre l'Ukraine. Les prix des denrées alimentaires ont chuté dans le monde entier. Comme le montre l'indice correspondant des Nations unies, il y a eu une baisse de plus de 10%. Ce sont surtout les céréales et l'huile alimentaire qui coûtent nettement moins cher. Pour les céréales, cette baisse est principalement due à la concession faite par la Russie d'autoriser l'exportation de céréales ukrainiennes. Cela est, en partie, dû aux pressions diplomatiques de la part des pays africains envers le président russe Vladimir Poutine.

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Le cuivre, le bois ou le coton sont également moins chers, ce qui est à nouveau la conséquence de la baisse de demandes de matières premières en Chine. Même le prix du gaz a récemment baissé en Europe – après avoir fait grimper les prix de l'électricité. Pour la production d'électricité, l'Europe dépend en partie du gaz de Russie, que le président Poutine a volontairement raréfié. Le groupe public russe Gazprom s'est même moqué des Européens dans une vidéo: l'hiver sera froid.

Pour les consommateurs et consommatrices suisses, ces évolutions pourraient se manifester le plus directement dans les prix des denrées alimentaires. Pour ce secteur de dépenses, il existe une sorte de protection contre les hauts et les bas des marchés mondiaux. L'agriculture est protégée par des droits de douane élevés et les prix sont de toute façon si importants que les matières premières ne représentent qu'une part relativement faible de l'équation. Cela explique, par exemple, pourquoi l'Allemagne a enregistré des hausses de prix bien plus importantes que la Suisse.

Pour autant, la Suisse n'est pas une île, et la hausse des prix enregistrée en août par rapport à l'année précédente n'avait pas eu lieu depuis près de 14 ans. Pour les pâtes par exemple, la hausse des prix est unique. On ne trouve rien de tel dans l'indice national des prix à la consommation, qui remonte à près de 40 ans. Il devrait y avoir une accalmie dans ce domaine, si la tendance globale atteint les supermarchés suisses avec un certain retard. Le patron de Migros, Fabrice Zumbrunnen, a récemment déclaré, dans une interview à la radio SRF, qu'il espérait que le pic serait atteint en automne et que les prix baisseraient ensuite à nouveau.

Economiser de l'argent en renonçant à la viande

Pour ceux qui ne veulent pas attendre, Moneyland.ch est là pour les conseiller. Ici, les économies passent, avant tout, par le renoncement. En effet, dans le budget des denrées alimentaires, la plus grande partie de l'argent est consacrée à la viande. En mangeant plus de légumes et moins de viande, on allège son budget. Un kilo de viande coûte en moyenne près de 21 francs, alors que la même quantité de légumes coûte moins de 6 francs.

Bilan

Tout cela ne signifie évidemment pas que l'inflation est vaincue dans les pays industrialisés. Le combat sera encore long avant qu'elle ne revienne au niveau souhaité par les banques centrales et l'Europe doit d'abord surmonter l'hiver à venir. Mais au moins, certaines tendances négatives qui assombrissaient auparavant les perspectives ont été renversées. Cela apporte un certain soulagement pour le budget des ménages.

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