Les temps changent. Si les tatouages, les piercings et les coupes de cheveux extravagantes étaient autrefois mal vus, les ornements corporels de tous les styles possibles sont désormais entrés dans les mœurs. Il en va de même à bord des compagnies aériennes. Ces dernières années, nombre d'entre elles ont assoupli leurs uniformes stricts afin d'encourager l'individualité de leurs employés.
Air Baltic fait désormais un pas dans cette direction. La compagnie aérienne a récemment conclu un partenariat dit de «wet-lease» avec Swiss et effectuera de nombreux vols pour la filiale de Lufthansa cet hiver. La compagnie aérienne lettone annonce que les critères d'uniforme pour le personnel de cabine, de cockpit et au sol sont assouplis avec effet immédiat. Désormais, la plupart des tatouages, coupes de cheveux et piercings sont autorisés et peuvent être portés de manière visible pendant le travail.
«Jusqu'à présent, nous appliquions les mêmes règles que la majorité des compagnies aériennes», a déclaré la directrice des ressources humaines Alina Aronberga dans un communiqué. Les tatouages n'étaient autorisés que s'ils pouvaient être cachés sous l'uniforme. «Nous avons maintenant considérablement assoupli ces règles afin que nos employés puissent afficher leur individualité sous forme de tatouages, de piercings et de styles de cheveux tout en portant fièrement nos uniformes.» L'objectif est de devenir encore plus diversifié et inclusif, a-t-elle ajouté.
La pénurie de personnel dans l'aviation européenne pourrait également être à l'origine de ce changement. L'annonce d’une apparence plus inclusive s'accompagne d'un appel aux candidats à postuler chez Air Baltic. De nombreux postes sont à pourvoir.
L'annonce est particulièrement difficile à avaler pour Swiss. La compagnie aérienne applique des règles plus strictes en matière d'uniforme. Les tatouages et les piercings sont certes autorisés, mais ils doivent être recouverts d'une chemise à manches longues, d'un pantalon long ou d'un foulard, selon le porte-parole de Swiss, Michael Stief. Les hôtesses de l’air doivent porter du rouge à lèvres et des bas dans le cas d’un uniforme avec jupe.
Ces règles suscitent régulièrement des critiques de la part du syndicat des cabines Kapers. Compte tenu de l'esprit de l’époque actuelle, l'uniforme et sa signification doivent être repensés d'urgence, a-t-il demandé. Il y a trois ans, après une longue lutte, le syndicat a obtenu que les femmes puissent porter des chaussures à lacets, comme leurs collègues masculins. Au début, la compagnie aérienne s'était opposée à cette revendication pour des raisons d'apparence, ce que Kapers avait jugé de sexiste.
Il y a un an seulement, Swiss a finalement autorisé le «Man Bun» ou le chignon pour homme, ainsi que «l’undercut», la coiffure tendance où les cheveux de la partie inférieure de la tête sont plus courts que ceux de la partie supérieure.
Pour les femmes, Swiss continue de s'obstiner à leur imposer l'usage du rouge à lèvres et des bas. Le syndicat Kapers exige que cette prescription soit supprimée, ou que les dépenses nécessaires soient payées par la compagnie aérienne, ce qui n’est pas le cas à ce jour comme le confirme le porte-parole de Swiss.
L'équipage d'Air Baltic doit-il donc, sur les vols externalisés de Swiss, respecter les règles plus strictes en matière d'uniforme? Après tout, les passagers achètent un billet Swiss. «Non», répond le porte-parole Michael Stief, «ce sont les règles d'uniforme d'Air Baltic qui s'appliquent». Cette position n'est, toutefois, pas cohérente. En effet, l'offre de restauration doit être la même que sur les vols européens de Swiss. «Le chocolat de Swiss est également prévu».
A la question de savoir si le règlement sur l'uniforme sera également assoupli dans un avenir proche, Swiss reste vague:
La compagnie aérienne ne veut pas en dire plus.
Actuellement, Swiss tente également de contrer les reproches du syndicat Kapers, selon lesquels l'externalisation des vols à Air Baltic serait synonyme de dumping salarial. «Ces reproches ne sont pas corrects», affirme Michael Stief. La collaboration temporaire avec Air Baltic a pour but de stabiliser le plan de vol et d'augmenter la sécurité de planification pour la clientèle. «En outre, elle doit s'accompagner d'un allègement supplémentaire de la charge de travail pour les collaborateurs de cabine.»
Les équipages d'Air Baltic recevraient des défraiements pour leurs missions au départ et à destination de Zurich. Les employés seraient indemnisés par Swiss pour leurs dépenses sur place, comme l'hébergement à l'hôtel ou le nettoyage de l'uniforme.
Selon Kapers, le salaire du personnel de cabine letton se situe entre 900 et 1500 euros. La présidente du syndicat Sandrine Nikolic-Fuss a qualifié cette coopération de «honteuse pour une compagnie aérienne haut de gamme». Chez Swiss, le salaire d'entrée pour les «flight attendants» est de 3400 francs.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz.
