La Banque centrale européenne (BCE) a opté pour une baisse de ses principaux taux directeurs jeudi. Le taux de dépôt, qui fait référence, a été délesté de 25 points de base à 2,25%, un niveau qui n'est plus jugé pénalisant pour l'économie, selon l'institution présidée par Christine Lagarde.
Sans surprise pour les observateurs, il s'agit de la septième baisse du taux directeur de la BCE depuis juin dernier. Elle accompagne un processus de désinflation «en bonne voie» tandis que les perspectives de croissance en zone euro «se sont détériorées» du fait de l'intensification des tensions commerciales, a déclaré l'institution de Francfort dans un communiqué.
Début mars, la présidente de l'institut d'émission, Christine Lagarde, avait mis en garde contre «une escalade des tensions commerciales» et ses conséquences pour la zone euro.
Cette dernière baisse du loyer de l'argent depuis juin 2024 intervient après l'annonce de surtaxes «réciproques» début avril par Donald Trump qui a rendu la donne économique plus incertaine. Si l'économie de la zone euro a développé «une certaine résilience face aux chocs mondiaux», les perspectives de croissance «se sont détériorées du fait de l'intensification des tensions commerciales», souligne le communiqué de la BCE.
Ces tensions et le caractère imprévisible des décisions de Donald Trump pourraient avoir des «sévères conséquences négatives», a averti mercredi la directrice de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.
Dans ce contexte incertain, l'institution se garde d'anticiper ses prochaines décisions: elle va continuer à s'appuyer sur les «données» pour «déterminer, réunion par réunion», l'orientation de la politique monétaire.
Si le ralentissement du commerce mondial se confirme, les observateurs parient sur d'autres baisses de taux à suivre, certains allant jusqu'à envisager un taux de dépôt ramené à 1,75 % dans les prochains mois.
Depuis juin 2024, la BCE a abaissé ses taux à sept reprises, inversant un cycle de resserrement monétaire amorcé deux ans plus tôt pour lutter contre l'inflation provoquée par la guerre russe en Ukraine et ses répercussions énergétiques.
Lors de leur dernière réunion en mars, les gardiens de l'euro laissaient entendre qu'ils n'excluaient pas une pause dans ce cycle de baisse des taux.
Les yeux étaient alors rivés sur l'annonce du plan de relance budgétaire massif en Allemagne et sur l'augmentation des budgets militaires en Europe, laissant entrevoir une croissance et une inflation plus élevée à moyen terme. Mais le choc externe d'une guerre commerciale a rebattu les cartes, poussant la BCE à réagir sans attendre les prochaines prévisions macroéconomiques de juin.
(ats)