La Banque nationale suisse (BNS) devrait enregistrer une perte semestrielle à deux chiffres, en raison de la faiblesse du dollar face au franc, selon les experts d'UBS. L'institut d'émission pourrait s'abstenir de toute distribution en faveur des cantons et de la Confédération.
La gardienne du franc devrait subir une perte de 17 à 27 milliards de francs au deuxième trimestre, estiment les économistes Alessandro Bee et Florian Germanier d'UBS Suisse, après un bénéfice de presque 7 milliards sur les trois premiers mois de l'année. Il en résulterait un débours de 10 à 20 milliards de francs de janvier à fin juin. La BNS publiera ses résultats le 31 juillet.
La perte d'avril à juin est attribuée à l'affaiblissement du billet vert par rapport au franc. Ce dernier s'est nettement apprécié au cours de la période, de 2% face à l'euro, d'environ 6% face au yen et de près de 10% face au dollar. Les mouvements de change devraient avoir entraîné une perte de plus de 40 milliards de francs, dont 30 milliards rien que sur les seuls placements en dollars. La BNS détient environ 300 milliards de francs de titres américains.
Si le prix de l'or a grimpé de 5% au cours de ces trois mois, la BNS ne devrait pas en avoir profité en raison de la dévaluation du dollar. Une «perte importante de 4,5 milliards de francs» est anticipée par la banque aux trois clés.
L'institut d'émission devrait avoir eu la main plus heureuse sur les marchés actions, qui se sont repris après avoir été secoués par l'annonce des droits de douane américains. Le marché actions mondial a crû de 9% environ, ce qui signifie un bénéfice de 15 milliards de francs pour le portefeuille actions de la BNS, évalué à 180 milliards.
Le portefeuille d'emprunts devrait enregistrer un gain de 5 milliards environ. Les revenus récurrents, comme les dividendes et les produits d'intérêts, devraient contribuer à hauteur de 4 milliards.
Les distributions restent elles «incertaines», selon les économistes. Si les réserves en la matière atteignent 12,9 milliards de francs au titre de 2024, elles devraient être dévolues aux réserves monétaires, de sorte que la BNS devra au moins «neutraliser la perte du premier semestre» en deuxième partie d'année pour pouvoir procéder à un versement l'an prochain. UBS souligne qu'en raison de la volatilité des marchés financiers, il lui est impossible de se prononcer sur la possibilité d'un versement à venir l'année prochaine.
En 2024, la Banque nationale suisse a réalisé un bénéfice de 80,7 milliards de francs, après une perte de 3,2 milliards l'année précédente, lui permettant de verser un milliard de francs à la Confédération et deux milliards aux cantons. (jzs/ats)