«Le pire est sans aucun doute encore à venir»: c'est le constat alarmant d'un rapport publié cette semaine par la société de renseignement Verisk Maplecroft. Depuis 2016, cet organe de recherche élabore un classement des pays les plus exposés au risque de troubles civils.
Le rapport est sans rappel: sur les 198 pays étudiés, 101 présentent un risque croissant de troubles sociaux. Un record depuis le début du classement. Et près de la moitié des pays de l'indice sont classés dans la catégorie des niveaux de risque «élevés» ou «extrêmes».
Les troubles civils ne sont pas l'apanage des autocraties lointaines ou des pays en développement. Bien au contraire, la menace pèse particulièrement sur les pays développés et les pays riches. C'est évidemment le cas de l'Europe, frappée de plein fouet par une forte hausse du prix des denrées alimentaires et de l'énergie. Alors que le continent européen se prépare à un long hiver, rythmé par les perturbations énergétiques provoquées par la guerre en Ukraine, la menace ira en empirant au cours des prochains mois.
Si nos confrères américains de Bloomberg citent l'Allemagne en exemple parmi les pays riches concernés, ils citent aussi un autre pays moins attendu... la Suisse. «Même la Suisse, où l'inflation est à son plus haut niveau depuis trois décennies et où les autorités mettent en garde contre la persistance des prix élevés, a enregistré une augmentation du risque de troubles civils», écrit le quotidien économique. C'est dire.
Les six prochains mois ne s'annoncent pas sous de meilleurs augures.
Mais alors, comment faire pour réfréner cette tendance mondiale négative au risque de troubles civils? Seul remède, selon les experts: une réduction significative des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie.
Un second facteur crucial pèsera également lourdement dans la balance: la météo. En cas d'automne et d'un hiver très froids en Europe, la crise de l'énergie et du coût de la vie pourrait s'aggraver encore davantage. Sans oublier le risque de sécheresse et de manque d'eau qui pourraient peser dans la hausse du prix des aliments - avec, à la clé, de violentes protestations populaires dans les zones impactées.
Même si l'inflation des prix à la consommation devrait à peine diminuer au second semestre, les perspectives de revenir aux niveaux d'avant le double-choc de la pandémie de Covid-19 combinée à celui de la guerre en Ukraine, sont bien minces.
C'est donc une question brûlante à laquelle les gouvernements du monde entier sont sur le point d'obtenir une réponse: sauront-ils faire face à de potentiels soulèvements populaires, si la situation socio-économique s'aggrave encore?