Economie
globus

Globus change de main, voici les nouveaux propriétaires

Ce que l'on sait de la famille thaïlandaise qui contrôle Globus.
Tos Chirathivat est le nouveau propriétaire de Globus.Image: watson/keystone

Ce que l'on sait de la famille thaïlandaise qui contrôle Globus

L'avenir des magasins suisses était incertain. Central Group, déjà actionnaire à 50%, a racheté la chaîne. Mais qui sont les Chirathivat?
30.09.2024, 18:51
Felix Lill / ch media
Plus de «Economie»

Il est fort possible que quelqu'un à Bangkok se frotte les mains en ce moment. Tos Chirathivat, aujourd'hui âgé de 59 ans, est désormais propriétaire du groupe suisse Globus, à annoncé le groupe ce lundi. Il reprend les activités des neuf magasins Globus situés à Genève, Lausanne, Berne, Lucerne, Zurich, au centre commercial Glatt et à Saint-Gall, ainsi que les deux sites en construction à Bellevue à Zurich et à la Marktplatz à Bâle.

Jusqu'à présent, Central Group détenait 50% des neuf grands magasins Globus. Désormais, il a acheté la totalité des parts restantes.

«Nous sommes heureux de devenir le propriétaire à part entière de cette entreprise leader dans le commerce de détail de luxe et de haut de gamme»
André Maeder, qui dirige la filiale européenne de Central Group

La structure de propriété de la société immobilière de Globus n'est pas concernée par la transaction, elle reste inchangée.

Le Central Group est un empire commercial composé de divers établissements de restauration, des hôtels, des restaurants, ainsi qu'un commerce de détail avec 120 grands magasins. Selon le magazine économique américain Forbes, les Chirathivat sont la quatrième famille la plus riche en Thaïlande, avec une fortune de près de 10 milliards de dollars, et en Asie, ils font partie des dix clans les plus riches.

En Europe, Central Group est désormais présent dans sept pays et exploite 40 grands magasins dans 36 villes. Le renforcement de l'engagement chez Globus correspond manifestement aux plans d'expansion. Au cours de la dernière décennie, des investissements ont déjà été réalisés dans les grands magasins de Londres et de Milan. Depuis le milieu de la dernière décennie, Central Group est l'actionnaire majoritaire du groupe allemand KaDeWe, qui comprend, outre le grand magasin KaDeWe, l'Oberpollinger à Munich et l'Alsterhaus à Hambourg.

Le Groupe Central exploite 40 grands magasins en Europe
Le Groupe Central exploite 40 grands magasins en Europe. Image: Central Group

Le partenaire de l'entreprise européenne – et donc aussi de Globus - était jusqu'à présent l'investisseur immobilier autrichien René Benko, dont la construction opaque Signa a dû déposer le bilan. Mais même sans le comportement de l'investisseur immobilier autrichien controversé, l'activité des grands magasins en Europe était tout sauf facile: augmentation des coûts de construction, des taux d'intérêt, des crédits et des loyers, combinée à une évolution des comportements d'achat, favorise les transactions en ligne depuis chez soi.

Plus que du shopping

Les chaînes de grands magasins telles que Globus et KaDeWe semblent menacées au-delà de la crise actuelle. La question se pose: pourquoi le Central Group se risquerait-il à investir dans un magasin en difficulté? Mais quiconque a déjà mis les pieds dans un centre commercial en Thaïlande peut imaginer ce que les Chirathivat ont en tête lorsqu'ils investissent davantage en Suisse et en Allemagne. Dans leur pays d'origine, où ils ont longtemps dominé le marché des grands magasins, le shopping est une expérience complètement différente de celle des pays occidentaux.

Plus qu'un simple grand magasin : le Central World Shopping Mall à Bangkok.
Plus qu'un simple grand magasin : le Central World Shopping Mall à Bangkok.Getty Images AsiePac

Les grands magasins haut de gamme du Central Group ne se distinguent pas seulement par leurs sols scintillants et leurs rangées de magasins étincelantes. Ils offrent également une plus grande variété de produits et de services que n'importe quel grand magasin occidental. Le centre commercial géant Central World à Bangkok, par exemple, l'un des plus grands temples de la consommation au monde, propose des sacs à main de luxe, mais aussi des batteries de téléphone portable et des services de réparation. Et il ne se contente pas non plus de proposer 500 boutiques.

Il y a également de grandes salles destinées à accueillir divers événements tels que des concerts, des expositions ou des foires. En plus, il propose plus de dix cinémas ainsi que des food-courts offrant des plats issus des cuisines du monde. On se perd souvent dans ces palais commerciaux - parfois, un bâtiment mène directement au suivant, si bien qu'on ne sait plus du tout où l'on va finir par sortir. Un système d'escalator fait que l'on perd facilement le sens de l'orientation.

Mais pour ces temples du shopping situés dans des emplacements privilégiés, certains bâtiments traditionnels doivent également céder leur place. A Bangkok, par exemple, le Central Group a racheté l'ancienne ambassade britannique en 2018 pour 426 millions de livres, soit l'équivalent d'environ 550 millions de francs à l'époque. Il s’agit de la plus grande transaction immobilière de l’histoire de la Thaïlande. Le bâtiment centenaire a ensuite été rasé à l’aide de bulldozers. Un centre commercial a été construit sur le même site.

Ce que fait le fournisseur d'ameublement Ikea en manipulant l'agencement de ses magasins, les grands magasins du Central Group le maîtrisent à la perfection. Et les responsables n'ont pas seulement répandu le système en Thaïlande. Dernièrement, ils ont également investi massivement en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam, un pays en plein essor. Tos Chirathivat, timide en matière de publicité, n'est que le chef de la famille. Le Central Group est dirigé par plusieurs membres de la famille - le clan compte aujourd'hui environ 200 personnes.

Une entreprise dirigée par un clan

La cohésion du clan Chirathivat est réputée forte, les escapades médiatiques ou les querelles publiques sont rares. Le grand-père, Tiang Chirathivat, de l'actuel CEO Tos Chirathivat y serait pour beaucoup. Celui-ci est arrivé de Chine en Thaïlande dans les années 1920, apparemment pour fuir les pirates, et a fondé un kiosque à Bangkok. Avec trois épouses, l'entrepreneur a eu 26 enfants. Le fils aîné, Samrit, a ouvert une librairie dans les années 1950, qui s'est rapidement transformée en grand magasin. C'était le début d'un empire.

Tiang Chirathivat : le grand-père.
Tiang Chirathivat: le grand-père.Image: Central Group

Alors que les ventes ont considérablement chuté pendant la pandémie. L'économie thaïlandaise, qui dépend fortement du tourisme, a également énormément souffert des lockdowns et des fermetures de frontières. Et cela s'est également répercuté sur la fortune des Chirathivat - elle a pratiquement diminué de moitié entre 2019 et aujourd'hui.

Désormais, un engagement accru des Chirathivat - ils y ont manifestement un intérêt - devrait aider à la pérennité des grands magasins traditionnels allemands et suisses. Le grand magasin londonien Selfridges, par exemple, qui appartient également au Central Group et s'inspire du concept thaïlandais de centre commercial polyvalent, a été élu à plusieurs reprises «meilleur grand magasin du monde» par la branche.

En intégrant différents espaces de consommation, cela pourrait contribuer à renouveler les grands magasins en Europe. C'est également grâce à la fascination naissante pour les tendances asiatiques - de l'esthétique japonaise à la musique coréenne en passant par la nourriture vietnamienne. S'il existe des offres de shopping innovantes, et si les jeunes clients perçoivent que ces idées proviennent de Thaïlande, cela pourrait être bénéfique.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Il passe de designer de l’iPod à icône de la mode

Vidéo: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
OpenAI va dévoiler l'un de ses secrets
La société créatrice de ChatGPT faisait jusqu'alors partie des rares poids lourds de l'IA générative à ne rien laisser filtrer de la mécanique de leurs modèles. Cela s'apprête à changer.

Le patron d'OpenAI, Sam Altman, a annoncé lundi que la start-up allait dévoiler une partie de l'architecture d'un nouveau modèle d'intelligence artificielle (IA) générative. C'est un virage stratégique après avoir jalousement gardé secret ses programmes et méthodes depuis le lancement de ChatGPT.

L’article