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Bourse et immobilier: est-ce la «fin d'une ère»?

L'immobilier atteint un point de bascule: voici à quoi s'attendre

Sur les marchés boursiers, les actions atteignent des niveaux records. Une étude parue récemment parle de la «fin d'une ère». Sur le marché de l'immobilier, les choses devraient bouger.
10.03.2024, 07:02
Niklaus Vontobel / ch media
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Les banques centrales ont beau exhorter à la patience, les investisseurs du monde entier restent convaincus que l'inflation appartient au passé et qu'une baisse des taux directeurs se profile. Cette conviction a fait chuter les taux d'intérêt à long terme dans de nombreux pays, y compris les taux hypothécaires. Ce revirement pousse les actions vers des records historiques et l'immobilier vers un point de bascule.

«Les prix de l'immobilier se redressent partout, les économistes prédisent un tournant», titrait le Financial Times. Lorsque les taux d'intérêt ont augmenté, les prix des logements ont stagné en moyenne dans les 37 pays de l'étude. Dans plus de la moitié d'entre eux, ils ont même baissé. Depuis que les taux d'intérêt ont commencé à baisser, les prix des logements se dirigent vers un point d'inflexion. Au troisième trimestre, la hausse moyenne enregistrée atteint 2,1%.

De même, la Banque des règlements internationaux annonce les premiers signes d'une inversion de tendance. Alors que les prix des logements en propriété ont continué à grimper depuis début 2022, mais un peu moins chaque trimestre, la hausse s'accélère à nouveau au troisième trimestre 2023.

Tout porte à croire que les prix continueront à augmenter avec la baisse des taux d'intérêt – ou qu'ils baisseront moins. Il existe toutefois de grandes différences entre les zones. Si en Suisse, il n'y a pas eu de baisse du tout, les taux d'intérêt plus élevés ont simplement entraîné une hausse plus contenue qu'auparavant. En 2023, cela devrait être 3% par rapport à l'année précédente, constate UBS dans un guide pour l'achat immobilier.

«Le marché s'est donc nettement mieux développé que dans les plus grandes économies de la planète»

Cette année, les prix devraient continuer à augmenter, mais plus lentement, prévoit la grande banque. Selon elle, les niveaux sont désormais si élevés que seuls quelques ménages ont des revenus suffisants pour débourser encore davantage et remplir les conditions d'un crédit hypothécaire. Ce n'est que lorsque la Banque nationale suisse aura effectivement réduit de manière significative son taux directeur que l'on devrait assister à un nouvel élan.

En revanche, l'Allemagne a connu la plus forte baisse jamais enregistrée. Les prix des maisons individuelles ont chuté en moyenne de 10% en 2023, ceux des immeubles de 20%, selon l'Institut d'économie mondiale de Kiel. Il s'agit d'une chute des prix «historique», qui a toutefois été précédée de variations inédites. Les économistes interrogés par le Financial Times s'attendent à une situation similaire pour 2024, dans des proportions tout de même moins spectaculaires.

Une autre tendance soutient les prix de l'immobilier dans de nombreux pays: l'offre est trop faible, elle ne suit pas ou peu la demande. Partout, les restrictions trop nombreuses semblent poser problème. En Suisse, l'économie se plaint «des nombreuses oppositions et de toutes sortes de limitations». Au Royaume-Uni, le Financial Times attribue la crise du logement à une mauvaise législation. Le journal parle d'une «crise de l'aménagement du territoire».

Oiseaux de mauvais augure

L'autre conséquence majeure de cette baisse anticipée des taux d'intérêt est une nouvelle poussée des cours des actions, d'une telle ampleur qu'elle a permis d'établir temporairement de nouveaux records dans plusieurs Etats. En Allemagne, l'indice directeur Dax n'a jamais été aussi haut. Idem au Japon, pour le Nikkei et aux Etats-Unis pour le S&P 500. Mais comme toujours lorsque la conjoncture est bonne, des alarmes finissent par retentir.

«Il est peu probable que les périodes fastes durent», écrit le magazine britannique The Economist. Depuis la création des marchés boursiers, il y a certes toujours eu les pessimistes, ceux qui prédisent un crash imminent. Mais cette fois-ci, des universitaires et des analystes de marché lancent en cœur un avertissement: les trois prochaines décennies ne seront pas aussi bonnes que celles qui s'achèvent.

Les actions s'achètent aujourd'hui au prix fort. C'est particulièrement vrai aux Etats-Unis, où le cours par rapport aux bénéfices corrigés de l'inflation n'a jamais été aussi élevé depuis plus de 150 ans. En 1999, à l'apogée de la «bulle internet», le record absolu de 44 points a été atteint. L'ancien record remontait à 1929, lorsque le monde était sur le point d'entrer en crise économique mondiale, avec -31,5 points. Aujourd'hui, il est de 34 points.

Et ces bénéfices ne devraient plus croître aussi rapidement dans les années à venir. Au cours des dernières décennies, les entreprises ont en effet pu économiser massivement de l'argent grâce à deux tendances de fond: leurs charges fiscales ont diminué, tout comme leurs charges liées à des intérêts. Ces deux constats expliquent à eux deux presque entièrement pourquoi les bénéfices ont augmenté plus rapidement entre 1989 et 2019 qu'au cours des trois décennies précédentes.

Mais cela ne se reproduira pas. Les impôts et les taux d'intérêt ne peuvent de toute façon pas baisser indéfiniment et devraient même avoir tendance à augmenter légèrement dans un avenir proche. Voilà pourquoi une étude de la banque centrale américaine (Fed) met en garde contre «la fin d'une ère» et «une croissance des bénéfices et des rendements boursiers nettement plus faibles à l'avenir».

La Suisse épargnée

Et la Suisse dans tout ça? Le Swiss-Market-Index (SMI) est certes plus haut qu'au début de l'année, mais il reste très éloigné de son record absolu. Celui-ci se situe à près de 13 000 points. Mais jusqu'à présent, le SMI n'a pas dépassé les 11 500 points. Des records donc aux Etats-Unis, au Japon et même dans une Allemagne en crise – mais pas en Suisse.

Cela s'explique notamment par «des développements spécifiques auxquels les entreprises suisses ne participent pas», explique Jörn Spillmann, stratège en actions à la Banque cantonale de Zurich. Dans le domaine de l'intelligence artificielle, la Suisse n'a pas de Nvidia comme les Etats-Unis – donc pas de fabricant de puces hyper performantes qui permettent aux systèmes d'intelligence artificielle comme ChatGPT d'exister.

L'euphorie boursière autour de Nvidia est énorme, les banques vénèrent son titre comme «l'action la plus importante du monde». Récemment, le groupe a battu le record boursier de la plus forte hausse quotidienne de la valorisation du marché: de 277 milliards à 1900 milliards de dollars – alors qu'il n'avait franchi la barre des 1000 milliards que neuf mois auparavant. Seuls Apple et Microsoft valent encore davantage, alors que Google ou Amazon sont déjà derrière.

Et puis il y a une deuxième percée qui déclenche un engouement ailleurs, mais pas en Suisse. Le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk a vu son action gagner près de 20% depuis le début de l'année, devenant ainsi l'entreprise la plus cotée d'Europe.

Les géants pharmaceutiques Roche et Novartis n'ont pas eu leur mot à dire. Le cours de leurs actions a baissé ou n'a que peu augmenté depuis le début de l'année. En ce qui concerne le groupe alimentaire Nestlé, on a craint un moment des répercussions négatives sur le chiffre d'affaires. Nestlé n'y croit pas, mais son action est plus basse qu'en début d'année.

Si ces trois géants faiblissent, les entreprises plus petites ne pourront plus guère donner le change, explique le stratège de la ZKB Spillmann. Roche, Nestlé et Novartis représentent ensemble plus de 45% de la valeur totale de toutes les entreprises du SMI. Sans leur force, la bourse suisse ne pourra pas briller.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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