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Le Conseil national bloque le rachat d'entreprises énergétiques

La Chine rachète des sociétés stratégiques suisses: Berne réagit

L'immense muraille grise du barrage de Gigerwald qui se dresse entre les parois rocheuses du massif du Ringelspitz. Le barrage en béton est situé dans la montagne étroite et sauvage de la vallée  ...
Le barrage de Gigerwald, dans le canton de Saint-Gall. Pour de nombreux élus, il faut protéger ces installations d'éventuels rachats étrangers.Image: Shutterstock
Les investisseurs étrangers ne doivent pas toucher à l'infrastructure électrique de la Suisse. Pour cela, le Conseil national souhaite soumettre les barrages, les réseaux électriques et gaziers à la «Lex Koller». Pour les opposants, cette idée est un tigre de papier bureaucratique.
08.06.2023, 11:5308.06.2023, 17:53
Reto Wattenhofer / ch media
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Syngenta, Gategroup ou SR Technics: la liste des entreprises suisses qui sont passées en mains chinoises ces dernières années est considérable. La tournée d'achat de la grande puissance asiatique préoccupe également le monde politique. Le Parlement a déjà mis en place un contrôle des investissements. Le Conseil national souhaite même aller plus loin en ce qui concerne les infrastructures critiques dans le domaine de l'énergie.

Il s'est prononcé, mercredi, en faveur de l'assujettissement des barrages, des réseaux électriques et gaziers ainsi que des centrales nucléaires à la «Lex Koller». Cette loi concerne en fait les restrictions à l'acquisition de terrains en Suisse par des étrangers. Cette réglementation s'appliquerait désormais aussi à l'infrastructure électrique stratégique dans notre pays. Une acquisition étrangère ne serait donc possible que dans des cas exceptionnels.

La pression de la privatisation augmente

Les investisseurs étrangers – en particulier chinois – s'emparent de plus en plus du secteur énergétique européen, a argumenté Gabriela Suter (PS/AG) au nom de la commission. Certes, l'infrastructure est aujourd'hui majoritairement en mains suisses. Mais il y a «une tendance à la privatisation partielle ou totale». Suter craint que cette pression ne s'accentue dans la perspective d'un accord sur l'électricité avec l'UE.

ARCHIV --- ZUR BERICHTERSTATTUNG �EIN JAHR VOR DEN EIDGENOESSISCHEN WAHLEN 2023�, STELLEN WIR IHNEN BILDMATERIAL ZU DEN KANDIDATUREN FUER DEN STAENDERAT ZUR VERFUEGUNG --- Gabriela Suter, SP-AG, spric ...
Gabriela Suter (PS/AG).Keystone

Nicolo Paganini (centre/SG) s'est montré sceptique:

«La commission n'a jamais pu expliquer pourquoi ces infrastructures risquent d'être bradées aux Chinois par la Confédération et les cantons.»

Au lieu de cela, le secteur de l'énergie s'est retrouvé face à un «monstre bureaucratique» qui n'est en outre qu'un «tigre de papier», estime l'élu.

Le PLR n'a pas non plus trouvé la loi très intéressante. Elle est «inutilisable, trop compliquée, peu claire» et n'atteint pas son objectif, a déclaré Matthias Jauslin (AG). «Oui, on peut même parler d'une fausse couche.» Martin Bäumle (PVL/ZH) a abondé dans le même sens. Il en résulte un énorme travail de contrôle qui reste sans effet, car la réglementation peut être facilement contournée – par exemple lorsqu'il existe des obligations internationales.

L'alliance de la gauche et de l'UDC

L'UDC a essuyé de nombreuses critiques parce qu'elle est sortie du camp bourgeois et a soutenu la réforme avec la gauche du Conseil. Si ce parti autoproclamé «économique» suit «presque aveuglément» sa collègue du PS zurichois Jacqueline Badran, cela devient dangereux, a critiqué Bäumle.

FILE - China's President Xi Jinping arrives to attend the APEC Economic Leaders Meeting during the Asia-Pacific Economic Cooperation, APEC summit, Nov. 19, 2022, in Bangkok, Thailand. China?s rul ...
Sous le règne de Xi Jinping la Chine achète beaucoup d'entreprises stratégiques à l'international.Keystone

L'UDC n'a pas réagi. Mike Egger (SG) a souligné que les investissements étrangers seraient toujours autorisés. La seule garantie est que la majorité des entreprises restent en mains suisses. Le fait est que ces dernières années, des groupes ont investi dans notre pays «pour des raisons de politique industrielle». Cela fait craindre, à juste titre, que la sécurité publique soit menacée.

La gauche du Conseil a avancé un autre argument. Les réseaux sont tous des infrastructures monopolistiques où la concurrence ne joue pas. Il n'y a aucune raison de verser les bénéfices dans ce domaine à un fonds spéculatif britannique, a déclaré Badran, qui avait initié le projet de loi en 2016. Comme l'Etat interviendra toujours dans les périodes difficiles, les bénéfices appartiennent également aux contribuables.

Au final, le Conseil national s'est clairement prononcé en faveur de la «Lex Koller» dans le domaine de l'énergie, par 120 voix contre 72 et 1 abstention. L'affaire passe maintenant au Conseil des Etats. (aargauerzeitung.ch)

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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