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Validés par Trump, les patrons romands boudés par Economiesuisse

Validés par Trump, les patrons romands sont boudés par Economiesuisse

La principale faîtière économique suisse rétrograde ses membres romands: elle n'est désormais plus dirigée que par des Alémaniques. Décryptage.
14.11.2025, 11:5814.11.2025, 11:58
Les leaders romands séduisent Trump mais perdent du poids en Suisse.
La délégation économique majoritairement «genevoise» dans le Bureau ovale.Image: watson
Florence Vuichard / ch media

Economiesuisse doit redevenir une locomotive. Ce constat ne date pas d'hier. Mais du printemps 2013 au moins. La faîtière avait essuyé une défaite cuisante avec le vote sur l'initiative contre les rémunérations abusives au printemps 2013. L'année suivante, elle perdait à nouveau sur le texte contre l'immigration de masse. Tous les observateurs avaient alors compris qu'il fallait agir.

Plus de dix ans plus tard, le président d'Economiesuisse, Christoph Mäder, et sa directrice, Monika Rühl, ont pris des mesures. La taille de la direction a diminué de moitié, passant de dix à cinq personnes. L'association espère ainsi gagner en efficacité, en puissance et en visibilité. Quatre membres de la direction ont accepté leur rétrogradation, alors que Jan Atteslander, responsable de longue date des relations économiques extérieures, a refusé et s'en est allé.

La Romandie oubliée?

Cette restructuration n'a pas seulement entraîné des bouleversements au niveau du personnel, mais aussi le déclassement de toute une région du pays. C'est le journal économique Agefi qui le révèle. La Romandie n'est désormais plus représentée au sein de la direction.

Cristina Gaggini, directrice romande d'Economiesuisse.
Cristina Gaggini.Image: DR

Cristina Gaggini, seule Romande de l'organe exécutif suprême avant la réorganisation, ne fait plus partie que de la direction élargie et n'est plus directement subordonnée à Monika Rühl. Elle dépend désormais du responsable de la communication. Cette rétrogradation coïncide avec le départ du seul vice-président romand, aussi à la tête de la Vaudoise (réd: compagnie d'assurances), Philippe Hebeisen.

Peut-être ne faut-il y voir qu'un mauvais timing, mais ce n'est pas le seul. Cet évincement romand intervient précisément au moment où une demi-douzaine de top managers suisses auraient contribué au dégel des relations avec les Etats-Unis dans le conflit douanier avec Trump.

L'impact réel de leur contribution dans ce dossier suscite un vif débat. Il n'en demeure pas moins que cinq des six patrons en question dirigent une entreprise basée dans le canton de Genève. Aucun d'entre eux ne vient de canton de Zurich, où réside la majorité des plus de 80 membres d'Economiesuisse.

Parmi les cinq «Genevois» invités par Trump:

  • Diego Aponte, le milliardaire à la tête de la grande compagnie maritime MSC.
  • Jean-Frédéric Dufour, directeur général de Rolex.
  • Johann Rupert, président de Richemont.
  • Marwan Shakarchi, négociant en or chez MKS.
  • Daniel Jaeggi, de la société de matières premières Mercuria.

Toutes ces entreprises, dont le siège se trouve au bout du Léman, occupent une place de premier plan dans leur secteur respectif et contribuent au succès du modèle économique suisse.

Une région dynamique écartée

Avec Nestlé, Richemont, Givaudan et Logitech, la Suisse romande compte tout de même quatre groupes cotés au SMI et, avec l'Arc lémanique, l'une des régions économiques les plus dynamiques. Mais elle semble bien loin de Zurich. C'est en tout cas ce que l'on pourrait déduire des dernières restructurations au sein de l'association faîtière.

Là-bas, on voit apparemment les choses autrement. «Nous sommes pleinement conscients de l'importance de la Suisse romande pour l'économie nationale, pour notre pays et pour notre organisation faîtière», déclare Silvan Lipp, responsable de la communication. Il souligne également qu'Economiesuisse possède des bureaux à Berne, Genève et Lugano, en plus de Zurich, et qu'elle «a toujours été implantée dans toutes les régions».

Economiesuisse promet des améliorations

De plus, le trésorier Thierry Kenel, directeur financier de Swatch Group, est originaire de Suisse romande. Le poste vacant de vice-président pour la Romandie devrait, par ailleurs, être pourvu «dès que possible». En revanche, aucun plan visant à réintégrer la Suisse romande au sein de la direction n'est prévu.

De ce côté-ci de la Sarine, les représentants économiques réagissent avec dépit. Selon les informations de l'Agefi, les chambres de commerce, toutes membres d'Economiesuisse, ont adressé une lettre à la direction dans laquelle elles expriment leur étonnement et leurs craintes face à cette évolution.

(Adaptation en français: Valentine Zenker)

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