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Le Kremlin et la Banque centrale russe se tirent dans les pattes

Le vice-premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak et la patronne de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina.
Le vice-premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak et la patronne de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina.Image: watson/image

Le Kremlin et la Banque centrale russe se tirent dans les pattes

La Banque centrale russe maintient des taux élevés malgré les critiques du gouvernement, alimentant les tensions alors que l’économie ralentit et la récession menace.
20.06.2025, 11:3320.06.2025, 11:33
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Le gouvernement russe et la Banque centrale (BCR) se sont opposés, vendredi, au forum économique de Saint-Pétersbourg sur les moyens à mettre en place pour dynamiser l'activité, en plein ralentissement de la croissance après deux années de surchauffe entraînée par les conséquences du conflit en Ukraine.

Si l'économie russe avait fait preuve en 2023 et 2024 d'une résilience inattendue face aux sanctions prises par les Occidentaux depuis 2022 en représailles à l'offensive russe en Ukraine, la conjoncture a changé depuis quelques mois.

Les lourds investissements publics dans le complexe militaro-industriel pour soutenir l'armée russe ne permettent plus de stimuler l'économie.

Ministres pas contents

Et pour plusieurs acteurs économiques de poids, la responsable est toute trouvée: la patronne de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, qui mène une politique monétaire très stricte, avec un taux directeur très élevé, à 20% (abaissé d'un point début juin), pour lutter à tout prix contre l'inflation.

Ce qui n'est pas (ou plus) du goût du patronat et de certains ministres du bloc économique. Le vice-premier ministre, Alexandre Novak, en charge au sein du gouvernement de l'important dossier de l'énergie, a tonné:

«Les indicateurs montrent qu'il est nécessaire de baisser les taux d'intérêt, qu'il faut passer d'un refroidissement contrôlé à un réchauffement de l'économie»

«Il est l'heure de baisser» le taux directeur, a-t-il appuyé, mettant en garde contre le risque de «rater le moment opportun», alors qu'il a qualifié la conjoncture actuelle de «douloureuse».

L'économie russe «au bord» de la récession

La croissance a ralenti au premier trimestre à 1,4%, son niveau le plus faible depuis les trois premiers mois de 2023, selon des chiffres officiels, et les perspectives sont moins bonnes que l'an passé.

Jeudi, le ministre de l'Economie, Maxime Rechetnikov, avait de son côté averti à Saint-Pétersbourg que l'économie russe était «au bord» de la récession et que sa capacité de rebond dépendait «des décisions» prises par l'Etat russe et la Banque centrale, notamment concernant les taux.

Deux jours plus tôt, le conseiller économique de Vladimir Poutine, Maxime Orechkine, avait, quant à lui, estimé que le modèle de croissance russe, mis en place en urgence depuis 2022 pour encaisser le choc des sanctions, était «épuisé» et devait être repensé.

Que va faire la banque centrale?

Malgré ces critiques publiques, la Banque centrale semble vouloir maintenir sa politique limitant les crédits, au moment où l'inflation atteint toujours près de 10%. «Une simple baisse rapide du taux directeur ne changera probablement pas grand-chose à court terme, si ce n'est le niveau des prix et leur augmentation», a répondu à Saint-Pétersbourg Andreï Gangan, directeur du département de la politique monétaire de la BCR.

Dans ce contexte de divergences étalées sur la place publique, le président Vladimir Poutine doit s'exprimer vendredi après-midi lors de la session plénière du forum économique. (jah/afp)

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