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Pourquoi la Suisse pourrait manquer de chirurgiens

Pourquoi la Suisse pourrait manquer de chirurgiens

La Suisse manque de médecins de famille et de pédiatres et connaît une pénurie de psychiatres. Les cantons veulent maintenant réguler le nombre d'orthopédistes, d'urologues et de radiologues. Cette mesure se heurte à la résistance du corps médical.
27.04.2023, 11:5427.04.2023, 12:40
Anna Wanner / ch media
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Des milliers de mineurs souffrent de troubles psychiques et ont besoin de suivre une thérapie. Mais ils n'obtiennent un rendez-vous qu'en cas d'extrême urgence ou après une longue attente. La pénurie aiguë de soins dans les services de psychiatrie pour enfants et adolescents ainsi que chez les médecins de famille et les pédiatres est bien connue.

La nouvelle gestion des admissions des médecins, en vigueur depuis le 1er janvier 2022, est arrivée au mauvais moment. Comme il n'est plus si facile de recruter des docteurs à l'étranger, l'état d'urgence perdure.

Au début de l'année, le Parlement a donc déjà assoupli le contrôle de l'admission des médecins, décidé en 2020: les nouvelles exigences de qualité, telles que la maîtrise d'une langue nationale ou la preuve d'avoir travaillé au moins trois ans dans un hôpital local, ne s'appliquent plus aux domaines de la pédiatrie, de la médecine générale et de la pédopsychiatrie.

Les cantons veulent gérer l'offre

Il n'est toutefois pas question d'annuler purement et simplement la nouvelle réglementation. Les cantons souhaitent, depuis longtemps, disposer d'un moyen d'action concret pour faire face à une offre excédentaire. Si la limitation de l'accès aux soins disparaît complètement, davantage de médecins se pressent en Suisse et veulent facturer leurs prestations via l'assurance de base – c'est ce qui s'est produit il y a dix ans. Cela fait grimper les coûts, et les primes avec.

Car la logique économique en médecine suit son propre modèle, comme l'a récemment expliqué Verena Nold, directrice de l'association de caisses Santésuisse, dans une interview à Blick:

«S'il y a beaucoup de médecins, plus de gens vont chez le médecin et il y a automatiquement plus de traitements»

La gestion des admissions bénéficie en conséquence d'un large soutien politique.

La confusion règne

Mais les critiques se font plus vives: d'ici fin juin, les cantons vont fixer des plafonds pour les spécialités qui présentent une offre excédentaire. La confusion règne depuis que, dans le canton de Bâle-Campagne, le tribunal cantonal a annulé les quotas maximums que les gouvernements des deux Bâle voulaient introduire. Il n'y aurait pas de base légale pour cela.

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) explique que les règles de limitation des admissions sont fédéralistes. La forme d'acte législatif (loi et décision du Conseil d'Etat) nécessaire pour fixer les nombres maximaux dépendrait du cadre juridique cantonal.

Peur chez les chirurgiens

Les règles d'admission étaient déjà compliquées, la situation devient maintenant encore plus floue. Et l'incertitude règne parmi de nombreuses jeunes femmes médecins: doivent-elles quitter l'hôpital pour obtenir une autorisation avant qu'il ne soit trop tard? Sans le numéro RCC nécessaire, elles ne peuvent pas facturer leurs prestations à l'assurance maladie obligatoire et ne peuvent donc pas survivre économiquement. Les chiffres du service d'admission Sasis SA donnent des indications sur cette évolution. L'attribution d'autorisations de pratiquer à de nouveaux médecins hospitaliers (numéros K) est parallèlement en recul.

La démarche du canton de Zurich, qui a déclaré fin mars vouloir fixer des nombres maximums pour les spécialités de cardiologie, de chirurgie orthopédique et de traumatologie de l'appareil locomoteur, de radiologie et d'urologie, a effrayé la Société suisse de chirurgie (SSC). L'offre dans ces spécialités est déjà «adaptée aux besoins» et «économique», comme l'indique la direction de la santé. A partir de juillet, de nouvelles autorisations ne seront accordées que si les précédentes sont restituées.

D'autres cantons suivront: d'ici le milieu de l'année, des plafonds doivent être définis dans au moins un domaine, et d'ici juin 2025 pour tous les domaines.

Conséquences négatives sur les étudiants

Fin mars, la SSC a adressé une lettre aux directeurs cantonaux de la santé: un tel gel des admissions aura des conséquences négatives sur le nombre d'étudiants en médecine. La mobilité des médecins serait entravée à tel point que les formations continues et les nouvelles expériences dans d'autres hôpitaux seraient rendues impossibles. Le président de la SSC, Michele Genoni, met donc en garde contre une situation d'urgence telle que celle qui prévaut actuellement dans le domaine des soins de base.

La Conférence des directeurs de la santé (CDS) s'en tient aux règles, mais voit la situation de manière différenciée. Dans certains domaines médicaux, il existe un sous-approvisionnement qu'il s'agit de supprimer avec l'exception concernant les conditions d'admission, explique Tobias Bär, porte-parole de la CDS:

«Les cantons n'appliqueront les plafonds qu'aux régions et aux domaines dans lesquels il existe une surabondance de l'offre»

Une idée pas si mauvaise?

Les cantons reçoivent également le soutien des assureurs. «En ce qui concerne les médecins spécialistes, nous constatons une offre excédentaire dans les centres et un problème de répartition», explique Manuel Ackermann de Santésuisse. Selon lui, les soins de santé doivent s'adapter aux besoins de la population.

Et c'est justement là que les nombres maximaux offrent un levier, car les cantons peuvent choisir des domaines spécialisés et/ou des régions. S'il y a, par exemple, suffisamment de radiologues autour du lac de Zurich, les cantons de Schwyz, Saint-Gall ou Zurich pourraient supprimer les plafonnements dans leurs régions – et ainsi lutter indirectement contre une offre insuffisante.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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