Qu'il s'agisse des derniers tubes de Billie Eilish ou de Taylor Swift, des podcasts du New York Times ou des grands classiques de la musique, peu importe: tout cela va devenir plus cher. Spotify a annoncé qu'il allait augmenter les prix de ses abonnements de 8 à 15%. Pour les nouveaux abonnés, c'est pour tout de suite, pour les clients actuels, ce sera à partir de septembre 2024.
Spotify justifie les adaptations de prix par l'objectif qu'il s'est fixé de «toujours offrir la meilleure expérience possible». Mais au final, les étudiants, les personnes seules, les couples et les familles paient simplement 1 à 2 francs de plus par mois pour un service inchangé.
Spotify n'est pas seule. De nombreuses plateformes de streaming augmentent actuellement leurs prix, et ce dans le monde entier. La presse anglo-saxonne a déjà créé un nouveau mot à ce sujet: «streamflation», c'est-à-dire l'inflation du streaming. Et elle est omniprésente, que ce soit pour la musique, le cinéma ou le sport.
Aux Etats-Unis, le groupe Disney a augmenté les prix d'abonnement de ses deux plateformes Hulu et Disney+ deux fois en l'espace d'un an. La Suisse n'échappe pas à ce phénomène: Apple TV a récemment augmenté le prix de l'abonnement d'un tiers, de 6 à 8 francs par mois.
L'«ère du streaming bon marché» touche à sa fin, comme le formule le Financial Times. Jusqu'à récemment, les plateformes essayaient d'attirer le plus grand nombre possible de clients avec des abonnements relativement bon marché. Désormais, elles veulent avant tout améliorer leur rentabilité, et comptent sur la loyauté et l'acceptation tacite des hausses de prix par les amateurs de séries, de musique et de sport.
Les faits leur donnent raison: chez Disney, seuls 6% des clients ont résilié leur abonnement après la première hausse de prix. Pour le directeur du groupe Bob Iger, cela montre clairement qu'il y a encore de la marge pour d'autres augmentations, comme il l'a lui-même récemment affirmé.
Les plateformes misent également beaucoup sur des abonnements moins chers, mais qui comportent des publicités. Ces modèles mixtes leur permettent de dégager davantage de recettes. C'est en tout cas ce que prétendent Netflix ou Warner Bros.
Disney+ va introduire également un tel modèle en Suisse à partir du 1er novembre. Cet abonnement financé par la publicité coûtera 7,90 francs par mois. L'abonnement standard actuel à 12,90 francs par mois existera toujours, mais il offrira moins: il ne sera désormais possible d'utiliser que deux streams simultanés et des contenus en qualité Full-HD au maximum.
Cela signifie qu'il est possible de consommer une série ou un film sur deux appareils au maximum en même temps, et que la résolution n'est plus la plus élevée disponible. Ceux qui ne veulent pas renoncer aux contenus en qualité 4K et aux quatre streams simultanés devront à l'avenir payer 17,90 francs par mois, soit nettement plus.
Les géants du streaming espèrent en outre obtenir des recettes supplémentaires grâce à des règles plus strictes. Ainsi, Netflix a récemment mis fin au partage de compte gratuit. Même si seule une petite partie des personnes concernées décide de passer à la caisse, cette stratégie va s'avérer payante. Le patron de Disney veut également lutter contre la fraude.
En Suisse, les fans de films et de séries - sauf pour Apple TV - ont été jusqu'à présent épargnés par les très grandes augmentations de prix, notamment parce que les abonnements sont déjà nettement plus chers que dans les pays voisins. La situation est différente pour les contenus sportifs. Ici, la lutte pour les droits dans le football ou le hockey sur glace fait rage. Les grandes ligues et fédérations veulent gagner toujours plus d'argent avec la commercialisation, et les fournisseurs doivent payer toujours plus, sinon ils se retrouvent sans contenus attractifs.
C'est Blue qui propose la plus grande offre sportive dans notre pays. La filiale de Swisscom a massivement augmenté ses prix en juin. L'abonnement mensuel coûte désormais 34,90 francs au lieu de 29,90, la durée minimale du contrat a été doublée, passant de six à douze mois. La possibilité d'acheter des matchs à la carte a été totalement supprimée. La directrice de Blue, Claudia Lässer, a justifié cette mesure par «un environnement très dynamique avec des coûts en constante augmentation».
L'offre sportive de Sky a également augmenté. Au lieu de 19,90, l'abonnement mensuel coûte désormais 24,90 francs. Après six mois, le prix baisse à 20,90 francs. Sky diffuse par exemple des matchs de la Bundesliga, de la Serie A et de la Premier League.
Le fournisseur Dazn, qui propose notamment la Bundesliga et la Ligue des champions, a lui aussi fortement augmenté ses prix: alors que l'abonnement mensuel coûtait encore 12,90 francs l'année dernière, il a doublé pour atteindre 24,99 francs, avec toutefois une autre structure d'offre.
La situation n'épargne pas les fans de hockey sur glace. Sunrise a décidé d'augmenter fortement les prix de son offre MySports, proposant les matchs de la plus haute ligue suisse et 150 matchs en direct de la NHL. Les nouveaux clients paieront 29,90 francs par mois au lieu de 25 francs à partir de la mi-septembre. L'accès individuel valable 24 heures coûte désormais 15 francs au lieu de 9. Sunrise s'assure ainsi de pouvoir «continuer à proposer l'offre de hockey sur glace la plus complète et la plus attrayante de Suisse».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)