Les membres du comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale ont entamé leur deuxième jour de réunion mercredi à 09H00 (13H00 GMT) selon un porte-parole. Leur décision, qui sera publiée à 18H00 GMT, ne fait guère de doute aux yeux des investisseurs. Ils s'attendent à voir l'institution maintenir ses taux directeurs dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.
Comme dans un rituel, le président américain a appelé dans la matinée les banquiers centraux à abaisser les taux, juste après la publication des chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre.
«Trop Tard» est le surnom qu'il donne au patron de la Fed Jerome Powell.
Une croissance soutenue n'incite en théorie pas une banque centrale à abaisser ses taux – elle le fait au contraire quand elle estime qu'il faut donner un coup de fouet à l'activité.
Les taux d'intérêt de la Fed – qui guident le coût du crédit et ont un fort impact sur les marchés – sont au même niveau depuis décembre. Donald Trump a retrouvé la Maison-Blanche un mois plus tard et n'a jamais cessé de plaider pour des taux d'intérêt plus bas, de plus en plus lourdement.
Il traite désormais Jerome Powell – qu'il a lui-même nommé à ce poste pendant son premier mandat - d'«abruti», appelle les autres banquiers centraux à le renverser, fait régulièrement mine de vouloir l'éjecter, et s'est même fendu la semaine dernière d'une visite surprise du chantier de rénovation du siège de la Fed à Washington, jugé trop coûteux.
L'épisode a donné lieu à une scène largement diffusée dans les médias: Donald Trump et Jerome Powell côte à côte, avec des casques de chantier.
Jerome Powell fait non de la tête et chausse ses lunettes quand le chef de l'Etat lit un papier selon lequel les coûts des travaux ont grimpé à 3,1 milliards de dollars (au lieu de 2,7). Il corrige dans la foulée le président.
Jerome Powell est censé présider la Fed jusqu'en mai 2026, mais il peut y rester comme gouverneur plus longtemps, jusqu'en janvier 2028. Or, Donald Trump convoite son siège pour y placer une personne plus proche de ses vues.
La banque centrale des Etats-Unis a jusqu'ici repoussé l'idée d'une baisse des taux dans un contexte rendu incertain par l'offensive protectionniste mondiale de Donald Trump, qui pourrait faire grimper les prix. Pour l'heure, l'inflation est restée contenue (à 2,3%, légèrement au-dessus de la cible de la Fed) et les répercussions sur le marché du travail limitées (avec un chômage à 4,1%). Des chiffres actualisés sont attendus jeudi et vendredi, soit après la réunion.
Celle-ci pourrait être marquée par la fin de l'unanimité affichée depuis janvier par le FOMC en matière de taux directeurs. Un, voire deux votes contre le maintien des taux à leur niveau actuel sont possibles.
Le gouverneur Christopher Waller a fait savoir qu'il souhaitait une baisse de taux dès cette réunion. Sa collègue Michelle Bowman (aussi vice-présidente de la Fed chargée de la régulation bancaire) a également dit qu'elle penchait dans ce sens, même si moins fermement en apparence.
«Cela arrive que des responsables de la Fed votent contre mais c'est assez rare», observe dans une note Matthew Ryan, analyste de Ebury, soulignant que Mme Bowman et Christopher Waller ont tous deux été nommés par Donald Trump pendant son premier mandat.
«La dernière fois que deux gouverneurs (et pas simplement des membres du comité ayant le droit de vote) se sont opposés à une décision au cours d'une même réunion remonte à il y a plus de 30 ans, en 1993», poursuit-il.
Pour Diane Swonk, économiste pour KPMG, «il n'est pas étonnant de voir des dissensions compte tenu de l'immense incertitude» économique. «Nous savons que la Fed aurait aimé abaisser les taux avant, et qu'elle ne l'a pas fait à cause des droits de douane», a-t-elle souligné auprès de l'AFP. (mbr/ats)