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Superman bisexuel, la culture woke et le rapport des oeuves à l'époque

Superman bisexuel
«Absurdie», la chronique hebdomadaire où les paradoxes du temps se font maltraiter.Image: Montage watson
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Superman bi: depuis quand les héros sont censés nous ressembler?

La bisexualité, c'est cool. Et les auteurs de BD Superman font ce qu'ils veulent. Mais est-il permis, en Absurdie, de réfléchir au bien-fondé du rapport obsessionnel qu'entretient l'époque avec elle-même? Allez, on tente le coup.
14.10.2021, 17:0214.10.2021, 18:52
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Le célèbre Superman sera bisexuel dans la prochaine BD de DC Comics, qui paraîtra normalement en novembre. Grand bien nous fasse. Il s'agit de Jon Kent, le fils de Clark Kent, premier superhéros de l'Univers DC. «J’ai toujours dit que chacun avait besoin de héros et avait le droit de se représenter dans ces héros», a indiqué Tom Taylor, l'auteur de ce numéro.

La nouvelle n'en est pas vraiment une: l'adaptation de ce personnage aux minorités, groupes et tendances du moment ne date pas d'hier. Le personnage de Superman est lui-même porté sur la fluidité, ayant une nature qui s'y prête: ce gars, certes musclé et aux habits moulants, est lisse, il s'adapte à tout le monde.

Bref, Superman est le produit parfait de ce capitalisme qui fait feu de tout bois, surtout woke actuellement, sans que les wokes eux-mêmes se rendent compte du paradoxe de leur discours souvent anti-capitaliste. Il ne faut pas s'étonner, en bien ou en mal d'ailleurs, de cette communication autour de la bisexualité: celle-ci ne froisse personne tout en étant une banalité érigée en marqueur d'une minorité. Il est absurde de s'inquiéter du «coming out» de Jon Kent, comme de s'en réjouir. Mais il y a un mais...

La culture doit-elle nous renvoyer à nous-mêmes?

Ce que cette annonce médiatique-marketing nous permet de pointer, c'est l'orgueil de notre époque. Son obsession pour elle-même, sa volonté de se rappeler à elle-même à chaque occasion. Même – et surtout – dans la culture. Jusqu'à verser dans le 007 à la sauce déconstruite 2021 et le SOS 117 woke se passant dans les années 80.

Ce ne serait pas très intéressant s'il s'agissait seulement d'un renouveau du réalisme, comme mouvement artistique montrant le monde tel qu'il est – ou plutôt sous un jour vraisemblable, conforme à la réalité telle qu'on l'imagine. Après tout, on a connu des tableaux réussis qui représentaient paysans et paysages de l'époque, on regarde des films qui malaxent avec brio les enjeux contemporains. S'il ne s'agissait que de ça, il n'y aurait pas d'enjeu sociétal et je me garderais d'en parler.

Là où il y a une discussion, c'est autour de la définition du héros. Superman étant censé incarner l'archétype du super-héros, il devrait être un héros au carré. Or, un héros, c'est quoi? Un personnage auquel certaines personnes peuvent s'identifier parce qu'elles ont la même orientation sexuelle ou couleur de peau que lui? Ou ne serait-ce pas plutôt un personnage qui peut tous nous faire rêver, voyager, réfléchir, nous définir par rapport à lui, et non en lui?

On veut des légendes

Songeons au cow-boy: cette figure n'a jamais existé que dans l'imaginaire humain. C'est pourquoi il est pour moi le héros par excellence. Celui qu'on ne peut pas être et qui nous inspire. Et c'est pour ça que je n'ai en fait jamais aimé Superman. Passés ses supers-pouvoirs, il n'a jamais été un héros, servant rapidement d'objet aux marottes identitaires des Américains, désireux de représenter toutes les «communautés», après avoir convaincu le public de leur existence.

«On veut des légendes» (m'avait-on dit en me présentant l'outil «Vidéo»)Vidéo: YouTube/JohnnyHallydayVEVO

Sérieux, c'était tellement mieux quand on pouvait aimer des hommes et des femmes, héros ou badaudes, oiseaux de nuit, demoiselles de jour, sans en faire une théorie politique. Et quand on pouvait laisser aller son imagination à l'endroit des héros et de leur sexualité complexe, intime, comme celle de tout être humain. Sur ce, je vous laisse; je vais regarder un western.

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