Hitler avait «une mutation génétique» rare qui impliquait ses testicules
Des chercheurs en génétique ont pu séquencer et analyser ce qui est considéré comme le patrimoine génétique d’Adolf Hitler. L’analyse montre qu’Hitler souffrait du syndrome de Kallmann, une maladie génétique rare pouvant perturber la puberté et le développement sexuel.
Selon l’étude, le matériau génétique provient d’un morceau de tissu taché de sang que le colonel américain Roswell P. Rosengren aurait découpé du canapé sur lequel le Führer s’est suicidé, dans son bunker berlinois, en 1945.
A l’époque, des personnes auraient emporté chez elles de minuscules fragments du canapé comme lugubres «souvenirs», explique l’historien Thomas Weber, spécialiste du nazisme. Il nous explique:
Hitler souffrait du syndrome de Kallmann
Ce «souvenir» de la victoire sur Hitler a donc permis aux scientifiques d’analyser l’ADN du dictateur, 80 ans plus tard. Les résultats détaillés devraient bientôt être publiés dans une revue scientifique. Mais le résultat principal de l'analyse est déjà présenté dans le documentaire britannique Hitler’s DNA: Blueprint of a Dictator.
«Il est désormais établi qu'Hitler souffrait du syndrome de Kallmann, qui résulte d'une mutation génétique», déclare Thomas Weber à partir des résultats de l'analyse ADN.
Les effets de la maladie sur Hitler restent hypothétiques
Le syndrome de Kallmann est un trouble héréditaire du développement, caractérisé notamment par un manque d’hormones sexuelles pouvant entraver le développement des organes génitaux. En effet, on sait depuis longtemps qu'Hitler avait un testicule non descendu. C'est ce qu'a révélé un examen médical datant de 1923, rendu public en 2015:
De plus, selon l’étude, un dixième des personnes atteintes du syndrome de Kallmann présentent un micropénis. On ignore cependant si Hitler était concerné. Le résultat génétique est clair, mais ne permet que des hypothèses sur ses conséquences pour Hitler.
Les généticiens ont également comparé le patrimoine génétique d’Hitler à des dizaines de milliers d'autres profils ADN. Ils y ont trouvé des probabilités génétiques accrues d’autisme, de schizophrénie, de TDAH et de troubles bipolaires. Ces «scores de risque polygéniques» ne constituent toutefois pas un diagnostic: ils indiquent seulement des anomalies statistiques ou un risque hypothétique de maladie par rapport à la population moyenne. L'historien précise:
Les généticiens et les psychologues mettent en garde contre des conclusions hâtives. Les symptômes cognitifs et sociaux de ces pathologies pourraient avoir joué un rôle, mais ce n'est pas nécessairement le cas, il n'y a aucune certitude à ce sujet.
Le psychologue Simon Baron-Cohen, l’un des plus grands spécialistes britanniques de l’autisme, explicite dans The Times: «Le comportement n’est jamais à 100% génétique». Il met en garde contre le fait d'associer les crimes d'Hitler à des caractéristiques génétiques, une démarche qu'il juge dangereuse et stigmatisante.
Selon la généticienne en chef Turi King, cette affaire était un véritable casse-tête moral. Certains laboratoires ayant refusé de collaborer, la généticienne devait s'assurer que le projet soit mené avec la plus grande rigueur scientifique possible.
Les chercheurs soulignent que la génétique d’Hitler ne peut en aucun cas excuser ses crimes et mettent en garde contre la stigmatisation de personnes présentant des diagnostics similaires:
Traduit de l'allemand par Anne Castella

