L'Afghanistan se trouve aux mains des talibans, après l'effondrement des forces gouvernementales. Des milliers de personnes tentent désespérément, dans un chaos total, de fuir le pays à l'aéroport de Kaboul.
Cible de vives critiques après la chute de Kaboul, le président américain Joe Biden a «défendu fermement» sa décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan. Il a assuré que la mission de Washington n'avait jamais été de bâtir une nation démocratique dans ce pays instable.
Face au chaos régnant, le locataire de la Maison Blanche a, par ailleurs, menacé les talibans de représailles si ces derniers venaient à perturber les opérations d'évacuation en cours à l'aéroport de Kaboul.
Le 46ème président américain a également souligné que les adversaires des Etats-Unis sur la scène internationale, Chine et Russie au premier rang, auraient «adoré» que les Américains restent enlisés en Afghanistan.
La situation à l'aéroport, dont les pistes ont été envahies, a empiré au point que tous les vols, civils et militaires, ont dû être suspendus lundi après-midi, a annoncé le Pentagone. Ils ont pu reprendre dans la nuit.
Le fulgurant triomphe des insurgés avait déclenché des scènes de panique. Une marée humaine s'est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie de l'Afghanistan, pour tenter d'échapper au régime que le mouvement islamiste, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de totale anarchie, comme ces centaines de personnes courant près d'un avion de transport militaire américain qui roule pour aller se mettre en position de décollage, pendant que certaines tentent de s'accrocher à ses flancs ou à ses roues.
Après avoir tiré en l'air dimanche, les forces américaines ont ouvert le feu, lundi, tuant deux hommes «qui ont brandi leurs armes d'un air menaçant», a déclaré à Washington un responsable du Pentagone. Cette foule désespérée n'est pas convaincue par les promesses des talibans selon lesquelles personne n'avait rien à craindre d'eux, a raconté un témoin à l'AFP.
En Ouzbekistan et au Tadjikistan, pays voisins, plusieurs avions de l'armée de l'air afghane se sont posés, avec de nombreux soldats afghans qui s'y sont réfugiés. Un appareil militaire afghan s'est écrasé en Ouzbékistan, après être entré dans ce pays.
La capitale était en revanche plutôt calme. Les rues n'étaient pas aussi bondées que la veille, des talibans en armes y patrouillaient abondamment et y installaient des postes de contrôle.
Sur les comptes Twitter qui leur sont favorables, les talibans se vantaient d'avoir été chaleureusement accueillis à Kaboul ou encore du fait que des jeunes filles retournaient dès lundi à l'école, comme à l'accoutumée. Le désormais ex-président Ashraf Ghani a reconnu dimanche soir que les talibans avaient «gagné», après avoir fui son pays.
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur de ce mouvement islamiste, a appelé ses troupes à la discipline:
La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, financées, pendant 20 ans, à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis (pour en savoir plus👇).
En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, a pris le contrôle de quasiment tout l'Afghanistan.
La Chine a été le premier pays à dire vouloir entretenir des «relations amicales» avec les talibans. Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé que «la situation en Afghanistan et en particulier à Kaboul se stabilisait. Les talibans procèdent au rétablissement de l'ordre public». Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a félicité les talibans pour leur «victoire».
A contrario, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a jugé que ce n'était «pas le moment» de reconnaître le régime taliban. Il a aussi qualifié leur retour au pouvoir d'«échec de la communauté internationale». Pour le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres:
De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers, dont trois Suisses travaillant pour la Confédération, ont également été évacués à la hâte de Kaboul.
Les Etats-Unis et 65 autres pays ont plaidé pour que les Afghans et les étrangers voulant fuir l'Afghanistan soient «autorisés à le faire», appelant les talibans à la «responsabilité» en la matière. La pilule est amère pour Washington dont l'image en ressort profondément écornée et qui déplore 2500 morts et une facture de plus de 2000 milliards de dollars. (ats)