Lesbienne, partenaire d'origine sri-lankaise, résidente suisse: avec un profil atypique, elle a néanmoins su rassembler au sein de son propre camp.
Signe des ambitions de la formation qui pourfend l'immigration et les livraisons d'armes à l'Ukraine, c'est la première fois que l'AfD désigne un candidat à la chancellerie pour un scrutin législatif.
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est créditée d'environ 19% des suffrages aux élections du 23 février, derrière les conservateurs de la CDU/CSU (30%) et devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz.
Mais ses responsables n'ont aucune chance d'accéder au pouvoir tant que les autres formations continuent d'exclure toute alliance avec l'extrême droite.
Agée de 45 ans, Alice Weidel a rejoint l'AfD dès sa création en 2013, quand ses membres combattaient avant tout la monnaie unique européenne.
Mais, contrairement à nombre d'universitaires fondateurs de l'AfD, qui l'ont ensuite quitté, effrayés par son virage xénophobe, cette docteur en économie passée par la banque Goldman Sachs, est restée.
Issue d'un milieu aisé, cette ancienne membre du parti libéral (FDP), qui porte souvent un collier de perles blanches et un tailleur pantalon, a dit dans le passé avoir pour modèle Margaret Thatcher et sa restructuration à marche forcée de l'économie britannique.
Elle appartient, selon le professeur Wolfgang Schroeder de l'Université de Cassel (centre de l'Allemagne), à la branche modérée de l'AfD «qui aspire à une existence indépendante, à droite des conservateurs» et non à l'aile plus radicale «qui défend une position profondément ethnique, autoritaire et nationaliste».
«En tant que femme, de l'ouest de l'Allemagne et homosexuelle, elle a quelques problèmes à faire le lien avec l'idéologie de son parti», commente Anna-Sophie Heinze, politologue de l'université de Trèves (ouest).
Parlant couramment le mandarin, Alice Weidel, qui a vécu en Chine et aux Etats-Unis, a un profil nettement plus international que beaucoup de membres de l'AfD.
Sans avoir jamais caché être en couple avec une femme avec qui elle élève deux enfants adoptés, elle détourne l'attention de ce sujet, en s'affirmant anti-LGBT+.
A ceux qui lui reprochent de ne pas défendre les droits des homosexuels, elle a répondu samedi que ces détracteurs «n'ont aucune idée de la réalité de (sa) vie».
«Je ne tolérerai aucune ingérence dans ma vie ou dans ma famille», a-t-elle ajouté. (ats/vz)