Ces prochaines semaines, le gouvernement du social-démocrate Scholz, qui ne comptera plus que les écologistes comme partenaires du fait de la démission de l'ensemble des ministres libéraux mercredi soir en raison d'un désaccord profond sur la politique budgétaire et économique, tentera de faire passer quelques textes de consensus au Parlement.
Olaf Scholz a notamment cité une hausse prévue de revenus pour les salariés à compter de janvier, la mise en oeuvre rapide des règles du nouveau régime d'asile européen commun et des mesures immédiates de soutien à l'industrie allemande mal en point, dont il discute actuellement avec les entreprises, les syndicats et les fédérations patronales.
Face au blocage politique et à l'éclatement de sa majorité, le chancelier a appelé les députés du Bundestag à décider le 15 janvier s'ils veulent que des législatives anticipées se tiennent avant la date prévue en principe en septembre 2025.
Il se soumettra à un vote de confiance et si, comme c'est probable, il le perd, le président Frank-Walter Steinmeier aura 21 jours pour dissoudre le Bundestag, de nouvelles élections devant avoir lieu au plus tard 60 jours après. Cela pourrait alors être le cas «au plus tard fin mars», a indiqué Olaf Scholz, dans une allocution mercredi soir.
Sans les Libéraux de Lindner, il manque 91 députés au gouvernement Scholz. Avec les 207 parlementaires sociaux-démocrates et les 117 des écologistes, il ne dispose que de 324 voix. Or pour faire passer des textes législatifs, il en a besoin de 367. Une coalition rouge-verte ne pourra pas faire adopter seule des lois. Il lui faudra trouver des soutiens ailleurs au cas par cas.
L'Allemagne a déjà eu deux fois des gouvernement minoritaires, en 1966 sous le chancelier conservateur Ludwig Erhard et en 1982 sous le social-démocrate Helmut Schmidt. Tout deux n'ont tenu que quelques semaines.
Ludwig Erhard a été remplacé par un autre conservateur, Kurt Georg Kiesinger, qui a réussi à former une grande coalition avec les sociaux-démocrates. Quant au chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, son gouvernement, où il était déjà en conflit avec son partenaire libéral, a été renversé par un vote de défiance au terme duquel le chrétien-démocrate Helmut Kohl est devenu chancelier.
Pour chaque texte de loi, le gouvernement minoritaire rouge-vert de Scholz aura besoin d'un partenaire. Les conservateurs de Friedrich Merz, favoris actuellement des sondages, ont déjà exclu d'apporter leurs voix au gouvernement Scholz, sauf dans certains cas particuliers.
Ils considèrent comme improbable l'élaboration d'un budget 2025 en commun avec le SPD et les Verts et font pression depuis longtemps pour que de nouvelles élections soient organisées.
Le parti d'extrême droite AfD, qui a remporté des résultats records lors de récentes régionales et élections locales dans l'est du pays, a aussi exclu par principe de soutenir un gouvernement rouge-vert.
La gauche radicale, die Linke, et les quelques membres du parti populiste de gauche BSW ont trop peu de représentants pour soutenir réellement la coalition rouge-verte. Ce qui augure de prochaines semaines très difficiles pour l'Allemagne.
(ats/acu)