Les pires craintes ne se sont pas confirmées. Vendredi, Donald Trump n’a semble-t-il pas consenti à offrir au dirigeant russe Vladimir Poutine un grand pays européen en pâture. Le président américain ne paraît pas avoir donné son feu vert au maître du Kremlin pour annexer certaines provinces de l’est de l’Ukraine.
C’est une bonne nouvelle pour les démocraties du monde entier, et une mauvaise pour la Russie. Quant à Trump, il peut continuer d’espérer qu’un jour, ses efforts supposés de médiation dans la guerre en Ukraine lui vaudront le prix Nobel de la paix.
Difficile pourtant de se réjouir de la fin abrupte et mystérieuse du sommet organisé dans le grand Nord américain. Car la guerre va se poursuivre.
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Trump, qui avait insisté à plusieurs reprises avant la rencontre avec Poutine sur la nécessité d’un cessez-le-feu, semble avoir définitivement abandonné cette exigence. Les sanctions brandies comme moyen de mettre Poutine à genoux ne devraient pas voir le jour non plus. Vendredi, à Anchorage, il n’en fut question à aucun moment.
Trump: "We're pretty close to a deal. Now look, Ukraine has to agree to it. Maybe they'll say no." pic.twitter.com/t2DjNXOwW1
— Aaron Rupar (@atrupar) August 16, 2025
Et Trump paraît toujours persuadé que l’Ukraine doit céder des territoires pour mettre fin au conflit. «Faites un deal», tel était son conseil à Volodymyr Zelensky, a déclaré le président américain dans une interview exclusive avec la chaîne Fox News Channel.
Inquiétant également: la facilité avec laquelle Poutine est parvenu à amadouer Trump. Après leurs discussions de trois heures et lors d’une conférence de presse pour le moins étrange, les deux présidents ont évité, durant onze longues minutes, d’annoncer le moindre résultat concret de leurs échanges, préférant s’inonder mutuellement de compliments. Les mots «extrêmement constructif», «progrès» et «paix» ont fusé, sans que personne dans l’assistance ne comprenne vraiment de quoi il était question.
Le président russe a même invité Trump (en anglais) à Moscou pour un prochain sommet, censé avoir lieu bientôt. Et il a ajouté que l’Américain avait raison d’affirmer – à répétition – qu’il n’y aurait jamais eu de guerre en Ukraine si Trump avait été président il y a trois ans et demi. «Je peux le confirmer», a lancé Poutine, se posant en analyste de politique étrangère.
En Alaska, Poutine n’a donc (une fois encore) fait aucune concession et n’a pas infléchi ses exigences maximalistes. Il a, au contraire, passé près de cinq heures à rappeler à Trump la qualité des relations entre les deux dirigeants de puissances nucléaires. Le président américain a déjà attribué au sommet d’Alaska la note maximale de 10. Et il a couvert Poutine de compliments. Rien de tout cela n’augure bien.
De telles déclarations de Trump doivent toutefois être prises avec prudence. Convaincu que les revers sont l’apanage des faibles, l’ancien président a pour habitude de bomber le torse, même lorsqu’il se heurte à un mur. L’important n’est donc pas tant ce que Trump dira, dans les prochaines heures, à propos du sommet manqué.
Non, l’essentiel est de voir comment il réagira. Reprendra-t-il langue avec les alliés européens de l’Otan? Cherchera-t-il à renouer avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en vue d’une rencontre tripartite? Ou partira-t-il sans attendre seul pour Moscou afin de revoir son «buddy» russe?
Le président russe, lui, ne le quittera pas des yeux. Et chaque minute gagnée par Poutine dans ces pseudo-négociations avec Trump sera exploitée pour conquérir davantage de territoires en Ukraine. (adapt. jah)