Au commencement étaient les indices visuels. Des ecchymoses sur le dos de sa main droite. Les mêmes que celles découvertes sur la peau d’Elisabeth II, quelques jours avant son décès. Il y a les chevilles enflées, aussi. Et pour les plus paranos d’entre nous, dernières photos à l’appui, Donald Trump semble simplement au bout du rouleau.
Un faisceau de «preuves» qui a réveillé les enquêteurs du dimanche il y a quelques jours et qui aboutira à l’issue fatale, brutalement univoque:
Vous le savez pourtant, les ecchymoses du président avaient déjà fait une première apparition plus tôt cette année. Et on avait déjà tout entendu de la part de la porte-parole de la Maison-Blanche. «Il sert trop de mains toute la journée, parce qu’il est populaire et jovial», «il souffre d’une insuffisance veineuse bénigne». Peut-être. Peut-être pas. Who knows the truth?
Comme souvent, le flou qui encercle la santé du président permet la prolifération des scénarios les plus catastrophistes. Selon des sources toujours «bien informées», Vladimir Poutine aurait dû mourir une dizaine de fois d’une terrible maladie depuis le début de l’agression de l’Ukraine.
Sans compter que son agenda a été nettoyé de tout rendez-vous ou déplacement, entre le 29 au 31 août. Trois jours qui peuvent sembler des années pour un président si omnipotent et accro à la lumière. Pourquoi diable Donald Trump se serait-il soudain retiré, quelques heures après l’apparition des premières rumeurs et au beau milieu d’un désordre mondial qu’il a lui-même suscité? Parce qu’il est mort? Bientôt mort? Très malade? Un peu malade? Blessé? Soucieux? Déprimé? (Cochez la case qui vous plait.)
Pour couronner le tout, JD Vance a jeté sans le vouloir un peu de terre sur la tombe du patron en acceptant de commenter son état de santé. Oh, trois fois rien.
Quoi? Une terrible tragédie? Mais laquelle, bon sang? «Les Américains méritent de savoir», comme le scandait, extatique, un compte de républicains anti-Trump il y a peu, sur le réseau d’Elon Musk. Et quand «les Américains méritent de le savoir», c’est qu’on nous ment.
Donald Trump n’est de (très) loin pas le seul à avoir souffert de spéculations autour de sa mort soi-disant dissimulée. C’est d’ailleurs le même mécanisme qui fait dire encore aujourd’hui aux Sherlock Holmes d’Internet que John Lennon ou Adolf Hitler sont encore bien vivants. Allez savoir.
Lorsque les rumeurs pleuvent comme vache qui pisse, on a souvent intérêt à se focaliser sur leur cible pour tenter de comprendre ce qui se trame. Si les théories qui colonisent la Maison-Blanche actuellement sont doucement farfelues, elles racontent pas mal de choses sur Donald Trump. Et puisqu’il refuse sciemment de se montrer, une bonne manière de sonder son état d’esprit de ces derniers jours consiste à fouiller son immense tiroir à sornettes: Truth Social.
Qu’y trouve-t-on de beau?
En marge de la brocante politico-économico-narcissique à laquelle il nous a habitués depuis longtemps, on peut tomber sur de petits messages poétiques, un peu en retrait, presque contemplatifs et totalement naïfs. Ici, une énième vidéo sur l’Amérique made in Trump, baignée dans le soleil levant, comme si les Etats-Unis avaient enfin atteint le dernier niveau de son propre jeu vidéo. Là, le partage auréolé de fierté d’une interview de Woody Allen, confessant vouloir réaliser un nouveau film avec Donald Trump, après Celebrity en 1998.
Et puis cet amusant «bonne nuit!!!», balancé dimanche 31 août, alors qu’il devrait être mort et enterré. Si Donald Trump a glissé au passage qu’il ne s’est «jamais senti aussi bien», histoire de surfer sur les rumeurs, il a surtout dégainé une arme qui, paraît-il, ne trompe pas: une conférence de presse, prévue à la Maison-Blanche, mardi sur les coups de 14 heures: «LE PRÉSIDENT fera une annonce». Voilà. C’est tout. On ne sait pas si Trump pète la forme, mais il paraît clair qu’il respire encore.
Malgré tout, le gourou MAGA n’a jamais été très friand des sauteries médiatiques, vu l’amour qu’il témoigne au métier de journaliste. Alors, d’une perle à l’autre, nous voici avec un immense collier de preuves: le président va forcément évoquer sa santé et cette désormais redoutée «terrible tragédie».
Les rumeurs ont un bel avantage sur la réalité, puisqu’elle ne s’embarrassent pas d’une récente photo ou d’un message sur Truth Social, signé de ses initiales, pour continuer à affirmer qu’il est décédé. Et, vous allez sûrement nous dire que Donald Trump a horreur du vide. C’est vrai. Sauf quand ce vide lui permet de briller sans avoir à bouger ses chevilles enflées par une «terrible maladie». Les rumeurs persistantes sur sa propre mort, agrémentées de pleurs émanent de son camp, ont forcément de quoi combler son égo de joie.
Quitte à rester planqué durant le long week-end de la Fête du travail, autant mettre en scène sa résurrection. Les Américains adorent les puissants qui survivent. A une tentative d’assassinat, comme à une salve de rumeurs.
On en recause après la conférence de presse?