Un Genevois condamné en Australie pour trafic de drogue
Le Genevois risquait la prison à vie pour avoir voyagé début janvier de Los Angeles à Melbourne avec une valise remplie de cocaïne. Il était depuis en détention préventive. Selon l'acte d'accusation que Keystone-ATS a pu consulter, il n'avait pas d'antécédent judiciaire.
La police fédérale australienne l’avait inculpé pour importation et possession d’une quantité commerciale de cocaïne. Les 21 kilos de poudre blanche trouvés dans sa valise contenaient près de 15 kilos de cocaïne pure, soit l’équivalent de 125 000 doses, d’une valeur estimée à 4,5 millions de francs suisses.
«Un moment d’irréflexion»
Outre la grande quantité de drogue, le juge a aussi pris en compte des facteurs tels que l’âge de l’accusé. «Vous avez toute votre vie devant vous», a déclaré le magistrat au Genevois dans une vidéo diffusée par le tribunal. Le tribunal considère que les chances de réhabilitation du coupable sont très élevées. Le fait qu’il ait reconnu sa culpabilité est perçu comme un signe de remords. Cette reconnaissance de culpabilité a contribué à réduire la durée de la peine de prison, comme l’a expliqué le juge.
Dans une lettre adressée au tribunal, le Suisse a parlé d’un «moment d’irréflexion» et a présenté ses excuses pour son comportement, a déclaré le juge. Ce dernier a dit croire le Suisse lorsqu’il affirme n’avoir jamais voulu faire de mal à quiconque.
Des déclarations contradictoires
Quant à savoir si le Genevois savait ce qu’il transportait, les déclarations reprises dans l’acte d’accusation divergent. Aux agents des douanes, le jeune homme de 21 ans avait d’abord déclaré avoir fait lui-même ses bagages et savoir ce qu’ils contenaient. Il aurait expliqué que le poids excessif de la valise provenait des nombreux vêtements achetés à Las Vegas.
Peu après, il aurait toutefois indiqué aux douaniers que la valise ne lui appartenait pas. Une personne inconnue lui aurait remis ce bagage à Los Angeles. Selon ses propres dires, il ignorait ce que contenait la valise, et ne savait pas non plus à qui il devait la remettre à son arrivée.
«Moins j’en sais, mieux c’est»
Il aurait pensé que moins il en savait, mieux ce serait, selon un extrait d’un interrogatoire avec la police fédérale australienne cité dans l’acte d’accusation. Il aurait supposé que la valise contenait peut-être des montres contrefaites. Lorsqu’il a découvert les paquets noirs en Australie, il a pris peur.
Selon ses déclarations à la police fédérale, on lui aurait assuré qu’il ne courait aucun risque. Il pensait devoir transporter la valise en échange du vol et d’un peu d’argent. Il a raconté aux douaniers qu’il avait été contacté encore en Suisse par un homme lui proposant 4000 dollars pour les vols et l’hébergement. Selon le juge, il n’est pas apparu clairement quel bénéfice réel le Suisse aurait pu tirer de cette opération.
Un petit rôle dans un réseau international
Le rôle du Suisse a été celui d’un simple passeur, relativement mineur au sein d’un réseau international de trafic de drogue. Néanmoins, a souligné le juge, ce type de réseau ne peut fonctionner que si certaines personnes acceptent de servir de mules.
La quantité de cocaïne transportée, largement supérieure à la quantité dite «commerciale», fait de cette affaire un exemple marquant d’un délit très grave, a-t-il ajouté. Dans ce cas, le tribunal a également tenu compte de l’effet dissuasif pour la société. Le message du tribunal à tous ceux qui envisageraient d’introduire de la drogue en Australie est clair : «Cela n’en vaut pas la peine.»
Le Suisse était détenu depuis presque onze mois en attente de jugement. Cette période sera déduite de sa peine, a précisé le juge. À l’issue de ses quatre ans et dix mois de prison, il reviendra à un autre juge de décider s’il sera libéré sous condition ou si les conditions de probation seront modifiées. (sda/ats)
