Ce sursaut intervient après une période de turbulences majeures pour Boeing, qui peine encore à redresser sa production après un incident en vol survenu en janvier 2024. Souvenez-vous: une porte arrachée en plein vol qui avait projeté une lumière crue sur des problèmes de qualité dans ses chaînes de fabrication et a conduit à des restrictions imposées par le régulateur américain de l’aviation civile, la FAA.
Selon les données publiées mardi par Boeing, 40 exemplaires de la famille 737 MAX ont été livrés en janvier, un modèle qui reste le plus vendu du constructeur. Parmi eux, sept appareils ont été remis à la compagnie aérienne United Airlines, cinq à Southwest, et trois à chacune des sociétés de leasing Air Lease et Jackson Square Aviation. Les compagnies aériennes chinoises, qui avaient longtemps boudé l’appareil en raison des précédentes crises, en ont reçu sept exemplaires.
Boeing a également livré quatre 787 Dreamliner, dont un destiné à United Airlines et un autre à Korean Air, ainsi qu’un 767 Fret à Ethiopian Airlines. Ces chiffres restent en deçà des 67 livraisons de décembre 2023, mais marquent une nette progression par rapport aux 27 livraisons de janvier 2024.
Le constructeur a également enregistré 36 nouvelles commandes en janvier, dont 34 modèles de 737 MAX et deux 777 Fret. Toutefois, Boeing n’a pas révélé l’identité des acheteurs, une pratique qui peut s’expliquer par les négociations en cours avec plusieurs compagnies ou par des commandes provenant d’acteurs stratégiques souhaitant rester discrets.
Fin janvier, le carnet de commandes du constructeur comptait 6236 avions, dont 4285 exemplaires de 737 MAX. La production du 787 Dreamliner, actuellement fixée à cinq unités par mois, devrait passer à sept d’ici la fin de l’année et à dix en 2026. Quant au 737 MAX, il est toujours plafonné à 38 appareils par mois par la FAA, qui surveille étroitement la mise en conformité des chaînes de production.
Ce regain de livraisons peine toutefois à masquer les problèmes structurels qui minent Boeing depuis plusieurs années. Depuis la crise du 737 MAX en 2018-2019, marquée par deux accidents tragiques ayant conduit à l’immobilisation mondiale du modèle, le constructeur fait face à une succession de déboires techniques et réglementaires.
L’incident de janvier 2024, qui a révélé des défauts de fabrication sur un panneau de fuselage d’un 737 MAX 9 en plein vol, a une nouvelle fois ébranlé la confiance des compagnies aériennes et des régulateurs. A cela s’ajoutent des perturbations dans la production, causées par une série de grèves et de problèmes d’approvisionnement liés à la pandémie de Covid-19. En 2023, plus de 33 000 ouvriers avaient cessé le travail pendant plus de cinquante jours, retardant encore davantage le calendrier de livraisons.
Si l’entreprise tente de rassurer en annonçant un retour progressif aux cadences de production prévues, elle demeure sous surveillance étroite des autorités et doit restaurer la confiance de ses clients. Boeing espère obtenir le feu vert de la FAA pour augmenter la cadence du 737 MAX au-delà des 38 unités mensuelles d’ici fin 2025, ce qui serait un signal fort pour ses investisseurs et ses partenaires.
Mais l’entreprise devra encore démontrer sa capacité à tenir ses engagements et à éviter de nouvelles déconvenues techniques, sous peine de voir sa position sur le marché de l’aviation commerciale fragilisée face à Airbus, son concurrent historique. (mbr avec ats)