La 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, appelée également COP27, s'est ouverte dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte. A l'occasion de ce rendez-vous, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a publié un rapport provisoire sur l'état du climat mondial. Ses conclusions sont sans appel:
«Les signes révélateurs et les effets du changement climatique sont de plus en plus dramatiques», lancent les auteurs de l'étude dans un communiqué. On a parcouru le rapport pour en sortir les cinq faits les plus marquants.
Les températures ne cessent d'augmenter, et 2022 ne devrait pas faire exception, bien au contraire. Entre janvier et septembre, la température moyenne mondiale a été de 1,15°C supérieure à la moyenne préindustrielle de 1850-1900. C'est légèrement plus que 2021, qui affichait une valeur moyenne de +1,11°C.
Si cette anomalie va se poursuivre jusqu'à la fin de l'année, 2022 deviendra la 5e ou la 6e année la plus chaude depuis le début des mesures, en 1850. Elle confirmerait alors une fois de plus une tendance en cours depuis 2015, comme le soulignent les auteurs du rapport:
Au sommet du podium on trouve les années 2016, 2019 et 2020.
Il est scientifiquement prouvé que chaque dixième de degré multiplie les événements météorologiques extrêmes, et les exemples récents ne manquent pas. Rappelons que l'Accord de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement à 1,5°C. Selon le patron de l'OMM, Petteri Taalas, cet objectif «est à peine du domaine du possible».
Autre indicateur en constante augmentation: la hausse du niveau des mers, qui a atteint un nouveau record en 2022, avec une hausse de 10 millimètres depuis janvier 2020.
Là encore, les choses s'accélèrent: les deux dernières années et demie représentent à elles seules 10% de l'augmentation globale du niveau de la mer depuis le début des mesures par satellite il y a près de 30 ans. Depuis cette date, le rythme d'élévation a doublé.
Les océans souffrent également d'un autre phénomène: leur température continue d'augmenter. En se réchauffant, la mer se dilate, ce qui contribue à faire monter son niveau.
Le réchauffement de l'océan a atteint un nouveau record en 2021, et cela ne va pas s'arrêter, notent les auteurs du rapport: un changement qui risque d'être «irréversible».
Ce phénomène s'explique par l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, qui entraîne une accumulation d'énergie sous forme de chaleur dans le système terrestre. Environ 90% de cette chaleur accumulée dans le système terrestre est stockée dans l'océan.
Le réchauffement climatique n'épargne pas les montagnes. Dans les Alpes européennes, la fonte des glaciers a pulvérisé des records. C'est notamment le cas en Suisse, où les glaciers ont perdu 6% de leur volume en l'espace d'une seule année, entre 2021 et 2022. Un record absolu:
Jusqu'à présent, les années où la perte de glace atteignait 2% étaient déjà qualifiées d'«extrêmes». La valeur enregistrée cette année dépasse nettement les précédents records. Entre 2001 et 2022, le volume de glace des glaciers suisses est passé de 77 à 49 km3, soit une diminution de plus d'un tiers. Le patron de l'OMM a affirmé:
De plus, pour la première fois dans l'histoire, aucune neige n'a survécu à la saison estivale, même sur les sites de mesure les plus élevés, et aucune accumulation de glace fraîche n'a donc eu lieu.
La sécheresse s'est intensifiée dans la Corne de l'Afrique. Au Kenya, en Somalie et dans le sud de l'Ethiopie, les précipitations ont été bien inférieures à la moyenne pendant quatre saisons humides consécutives, soit la plus longue séquence depuis 40 ans.
Comme pour les autres situations observées, cela ne va probablement pas s'arrêter: les prévisions pour les pluies d'octobre à décembre 2022 indiquent une autre saison inférieure à la moyenne.
Dans toute la région, sous l'effet de la sécheresse, on estime que 18,4 à 19,3 millions de personnes ont été confrontées à une crise alimentaire avant juin 2022.
Face à cette situation, «l'humanité a un choix», a affirmé lundi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres: «Coopérer ou périr. C'est soit un Pacte de solidarité climatique, soit un Pacte de suicide collectif». (asi)