L'Ukraine est en train de perdre, pourquoi l'Occident devrait-il encore lui fournir des armes ou une aide financière? La Suisse surestime son impact en tant que médiateur, à quoi bon organiser une conférence de paix au Bürgenstock? Surtout que l'Occident est responsable du déclenchement de la guerre.
Voici les déclarations tranchées qu'on a pu lire ces dernières semaines. Elles émanent de soi-disant «experts» qui commentent ce qui se passe en première ligne et dans la politique.
Si l'on se fie à certains reportages et aux contenus qui circulent sur les réseaux sociaux, on pourrait par exemple penser que la ville de Kharkiv, qui se retrouve désormais au cœur des combats, est pratiquement tombée aux mains de Poutine.
Sur place, notre reporter de guerre, Kurt Pelda, ne partage pas cette analyse. Il vit la ville tout autrement: la vie quotidienne suit son cours, les gens flânent dans les rues, même si beaucoup ont peur. Les Russes manquent de soldats et de matériel pour prendre Kharkiv. La tentative d'une nouvelle offensive dans la région a été un «échec retentissant», affirme-t-il.
En tant qu'utilisateurs des réseaux, nous devrions faire attention à ne pas succomber nous-mêmes à la propagande des Russes. Nous secouons la tête devant les propos absurdes des guerriers de l'information de Poutine, lorsqu'ils affirment à la télévision que Viola Amherd est «une tueuse d'enfants».
Mais sommes-nous conscients que le récit de la défaite prévisible de l'Ukraine provient de la même source, et qu'il est préparé exprès pour nous, les Occidentaux?
Dans une démocratie, on peut tout dire et tout écrire. Oui, l'Ukraine se trouve dans une situation difficile. Mais c'est une fable de propagandiste de prétendre qu'elle a déjà perdu la guerre. Surtout que le pays est bien trop grand pour être contrôlé par les Russes.
Il n'est donc pas nécessaire de se demander si cela vaut réellement la peine de parler de paix au Bürgenstock le week-end prochain. Qu'y a-t-il de mal à cela? Au moins, la Suisse agit. Donnons une chance à notre diplomatie.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)