Suisse
Lucerne

Bürgenstock: des milliers de faons sont menacés de mort

Les faons du Bürgenstock.
Une conséquence inattendue du sommet du Bürgenstock impacte les faonskeystone / dr (montage)

Des centaines de faons sont menacés de mort à cause du Bürgenstock

A la mi-juin, l'espace aérien autour du sommet du Bürgenstock sera complètement verrouillé. Cela concerne également les drones. Mais certains d'entre eux sont utilisés pour une cause bien particulière: sauver les petits faons lors de la saison des fauches. L'affaire remonte jusqu'au Conseil fédéral.
10.06.2024, 06:0810.06.2024, 08:17
Lukas Nussbaumer / ch media
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La conférence du Bürgenstock, les 15 et 16 juin prochains, aura des répercussions importantes sur le trafic aérien civil. Du 13 juin au 17 juin, l'utilisation de l'espace aérien sera fortement limitée dans un rayon de 47 kilomètres. Les aérodromes locaux de Beromünster, Triengen, Kägiswil ou Hausen am Albis seront fermés. Les Forces aériennes ont toutefois autorisé plusieurs exceptions pour les parapentistes.

La Confédération se montrera beaucoup plus sévère envers les propriétaires de drones. Pour eux, l'interdiction de vol sera totale du 13 au 17 juin dans un rayon de près de 28 kilomètres. La zone d'interdiction aérienne s'étendra à des zones du canton d'Obwald et quasiment tout le canton de Zoug.

Mais cette interdiction a des conséquences inattendues sur... les protecteurs locaux des faons. Car dans cette région, des dizaines d'équipes tentent de sauver ces jeunes chevreuils, qui se cachent dans les hautes herbes à l'approche du fauchage des champs et se retrouvent tués par les véhicules des paysans locaux.

Des drones pour sauver les faons

Pour ce faire, les chasseurs locaux utilisent depuis quelques années des drones équipés de caméras thermiques pour les repérer. Puis, ils les transportent hors des champs dans des caisses et les relâchent lorsque les prairies sont fauchées et que le danger est passé.

Pour Fabian Stadelmann, l'interdiction de vol totale des drones dans la région est «absolument incompréhensible». Le président de société de chasse lucernoise, aussi député UDC local, sait de quoi il parle: il fait lui-même partie d'une équipe partant à la recherche de faons.

«L'année dernière, nous avons pu sauver 80 faons d'une mort certaine dans ma commune»
Fabian Stadelmann

Dans le canton de Lucerne, on estime que plusieurs centaines de jeunes chevreuils sont sauvés de la mort chaque année grâce aux chasseurs et à d'autres bénévoles. Dans tout le pays, ils sont des milliers. Grâce aux pilotes de drones de l'association «Sauvetage faons», ce sont plus de 6000 animaux qui ont été sauvés l'année dernière.

Les drones sont de loin la méthode la plus efficace pour sauver les faons cachés dans les hautes herbes. Les cachettes des jeunes animaux peuvent en effet être facilement identifiées la nuit et tôt le matin grâce à une caméra thermique.

Retour aux vieilles méthodes

Fabian Stadelmann qualifie l'interdiction de vol des drones à cause de la conférence du Bürgenstock de «particulièrement grave». Il explique que les agriculteurs pourront faucher leurs prairies à partir du 15 juin. Ces surfaces abritent un nombre particulièrement élevé de faons. Et les agriculteurs faucheront ces prairies le plus tôt possible en cas de beau temps, en raison du début précoce de la végétation cette année.

Si l'interdiction de vol est appliquée, les agriculteurs, en collaboration avec les chasseurs, devront à nouveau recourir aux méthodes utilisées avant l'apparition des drones pour sauver les faons: installer des drapeaux flottants la veille de la fauche, pulvériser des substances odoriférantes pour les prédateurs ou parcourir les prairies pour inciter les chevreuils et leurs faons à quitter les champs.

L'affaire monte jusqu'au Conseil fédéral

Pour Fabian Stadelmann, il n'est pas question d'abandonner. Il a demandé à l'Office fédéral de l'aviation civile des exceptions pour les drones destinés à trouver les faons. La réponse reçue est toutefois sans équivoque:

«Toute activité aérienne est interdite sans exception et sans interruption à l'intérieur de la zone des 28 kilomètres»

Devant cette réponse en forme de cul-de-sac, Fabian Stadelmann a fait appel à son collègue cantonal de parti, le conseiller national Franz Grüter.

Möchte in den Ständerat wechseln: der Luzerner SVP-Nationalrat Franz Grüter. (Archivbild)
Franz Grüter.Image: KEYSTONE

Il a interpellé le Conseil fédéral sur la question au Parlement, après avoir reçu plusieurs appels de chasseurs ce week-end. Les Sept sages doivent statuer et lui répondre lundi après-midi.

«Ignorer l'interdiction de vol n'est pas une option», note toutefois Fabian Stadelmann. Les pilotes de drones risquent jusqu'à un an de prison en cas d'infraction. Contacté, le Département de la défense, de la protection de la population et des sports ne précise pas comment, où et avec quelle sévérité la Confédération effectuera ses contrôles, «pour des raisons tactiques et opérationnelles». Il en va de même pour la question des méthodes utilisées pour intercepter les drones qui briseraient l'interdiction de l'espace aérien.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Cet avion a connu un atterrissage spectaculaire
Video: watson
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