Il faut redouter des centaines de morts, peut-être des milliers, avertit le préfet. La catastrophe qui a frappé Mayotte est une tragédie. Elle intervient à un moment d'instabilité politique en France, avec un premier ministre qui n’a pas encore formé son gouvernement. François Bayrou devra se montrer à la hauteur du défi humanitaire, sécuritaire et sanitaire qui se pose à lui après le passage dévastateur du cyclone Chido dans l’archipel de l’Océan Indien, devenu département français en 2011.
Une image du nouveau chef du gouvernement doit très vite être oubliée. On le voit, samedi soir, dans une conférence de presse convoquée suite au drame de Mayotte, aux côtés de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur sortant. Soudain, François Bayrou s’en va, laissant le ministre en plan, comme appelé par plus urgent. Humainement, il n’y a pas plus urgent désormais que l’attention qu’il faudra porter à Mayotte.
Les morts pourraient être en grande partie issus des populations comoriennes vivant clandestinement dans l’archipel, dont le nombre total d'habitants, en hausse constante sous la pression migratoire, s'élèverait 320 000, sans doute davantage. Ces sans-papiers logeaient pour beaucoup d’entre eux dans des bidonvilles faits de planches et de taules qui ont été balayés par le cyclone. Craignant un «piège», en vue de leur renvoi, pensaient-ils, vers les Comores voisines, qui, contrairement à Mayotte, ont décidé de se séparer de la France lors d’un référendum en 1974, les clandestins n’auraient pas suivi les instructions leur disant de se protéger dans des habitations en dur à l’approche du cyclone.
Face à Mayotte dévastée, on attend à présent du personnel politique français qu’il mette fin à l’indécence de ses divisions. Au passage, on ne peut que déplorer l’irresponsabilité des partis qui, se croyant seuls au monde, ont fait tomber le gouvernement Barnier pour des motifs de pure boutique politicienne. La France métropolitaine, endettée jusqu’au cou, saura-t-elle montrer autre chose que ses déchirements? Pas sûr.
Hier soir sur une chaîne info, deux débatteurs invités comme tous les dimanches à s’affronter sur les questions du moment, ont expédié Mayotte en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, façon «c’est bien triste, mais que voulez-vous qu’on y fasse?». Il nous en faut beaucoup pour ressentir du dégoût, mais là…