Le cyclone Chido a fait «certainement plusieurs centaines» de morts à Mayotte, «peut-être» même «quelques milliers», a déclaré dimanche le préfet du département français d'outre-mer, précisant qu'il sera «très difficile» d'avoir un bilan final.
Il sera «très difficile d'avoir un bilan final» étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans les quartiers d'habitat précaire entièrement détruits, veut que les personnes soient enterrées «dans les 24 heures».
«Un décor apocalyptique»: Mayotte recense dimanche les énormes dégâts semés la veille par le cyclone Chido.
Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a estimé samedi soir à la sortie d'une réunion interministérielle de crise qu'il «faudra sans doute des jours» pour «affiner» le bilan humain. Mais «nous craignons qu'il soit lourd», a-t-il prévenu, parlant d'une «situation dramatique».
D'après le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila interrogé par l'AFP, neuf personnes blessées ont été prises en charge au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) en urgence absolue, et 246 en urgence relative.
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— Mayotte la 1ère (@mayottela1ere) December 14, 2024
Le ministre démissionnaire, qui va se rendre sur l'île où il arrivera lundi, a annoncé l'envoi en «cinq vagues successives jusqu'à mercredi de renforts pour la sécurité civile», soit environ «800 personnes ainsi que du matériel (...) mais aussi du personnel médical».
Mayotte a été frappée de plein fouet par des vents d'une extrême violence qui ont ravagé l'archipel avec des poteaux électriques à terre, des toits en tôle envolés et des arbres déracinés.
À Kawéni, un quartier situé sur la commune de la «capitale» mahoraise Mamoudzou, «tout a été emporté, tout a été rasé», s'est désolée une habitante du plus grand bidonville français, dont la maison a été détruite.
Un bilan très provisoire fait état de quatorze victimes, dont deux personnes sur la petite île de l'archipel où se situe l'aéroport, à l'est de Mamoudzou.
Fermé jusqu'à nouvel ordre aux vols commerciaux, l'aéroport, où des rafales ont atteint 226 km/h selon Météo-France, a subi de gros dégâts, notamment dans sa tour de contrôle.
La Croix-Rouge française a envoyé des renforts de personnel à Mayotte depuis La Réunion et l'Hexagone juste avant le confinement, a précisé dans un communiqué l'association d'aide humanitaire, craignant des «besoins immenses» et prépositionnant des réserves d'eau potable et de vivres sur place.
La situation laisse présager de sévères difficultés d'approvisionnement en eau dans un archipel déjà soumis à des coupures. Plus de 15 000 foyers ont été privés d'électricité. Les appels téléphoniques, y compris d'urgence, ont été drastiquement limités.
Le niveau d'alerte a été abaissé de violet à rouge dans la journée pour laisser sortir les secours, mais le préfet a appelé les quelque 320 000 habitants de Mayotte à rester «confinés» et «solidaires» dans «cette épreuve». Les communications avec le territoire restent très difficiles.
Les services techniques se sont activés dans l'après-midi pour déblayer les routes et laisser passer les secours. Quelque 1600 policiers et gendarmes sont déployés. «Des débuts de pillages» ont eu lieu, a relevé Bruno Retailleau, mais les forces de l'ordre ont «très vite» réagi, selon lui.
Environ 100 000 personnes logeant dans des «habitations non solides», notamment dans des cases en tôle, avaient été identifiées dans l'archipel par les autorités pour être mises à l'abri dans plus de 70 centres d'hébergement d'urgence.
L'oeil du cyclone tropical intense s'est éloigné vers l'ouest et les conditions météorologiques se sont «améliorées rapidement» en fin d'après-midi sur l'archipel, selon les services météorologiques. (ats/vz)