Cette femme de loi, ancienne procureure, vice-présidente et candidate démocrate à la Maison-Blanche, cache un flingue dans sa propriété de San Francisco.
Oh God, really?
Quelques dents ont dû se déchausser durant le débat face à Donald Trump, il y a dix jours, lorsque Kamala Harris a dégainé une stratégie politique que personne n’attendait:
Une sortie qui fait évidemment référence aux tirs répétés de Donald Trump en direction de la gauche, affirmant qu’Harris rêve d’atomiser le second amendement de la Constitution, si cher aux Américains. Le gun de Kamala n’est pourtant pas un scoop. La candidate en avait déjà parlé durant la campagne de 2019, en précisant qu’elle est même «une bonne tireuse».
Mais en le reposant ainsi sur la table, en prime time, qui plus est six petits jours après la tuerie dans une école en Géorgie, elle déballe ses munitions électorales. Dans cette triste affaire, le gosse de 14 ans avait réussi à mettre la main sur la carabine automatique de son père, avant d’ôter la vie à deux écoliers et deux professeurs. Précisément le type d’armes, «littéralement conçues pour être des engins de guerre», que la vice-présidente continue de vouloir farouchement interdire.
En brandissant ainsi son pistolet, légal et rangé en lieu sûr, elle parvient à nuancer le débat et prouve de manière efficace que Trump n’est pas «le meilleur ami que les propriétaires d'armes à feu aient jamais eu à la Maison-Blanche», comme il aime à se décrire. De quoi, du même coup, braquer la lumière sur un dossier qui était jusqu’ici plutôt discret dans cette campagne présidentielle dominée par le débat sur l’immigration.
Si bien que jeudi soir, face à Oprah Winfrey, la candidate démocrate en a remis une couche, de manière encore plus étonnante et sans qu'on le lui demande.
KAMALA: If somebody breaks into my house…they’re getting shotpic.twitter.com/TLECpoxk9t
— Armand Domalewski (@ArmandDoma) September 20, 2024
Suivront quelques éclats de rire et un faux regret d'avoir évoqué une telle éventualité: «Je n'aurais sans doute pas dû dire cela, mais mon équipe va gérer la situation». Sur le plateau, quelques minutes plus tôt, une jeune rescapée de la tuerie de Géorgie, a tiré les larmes au public en racontant la tragédie.
Bien sûr, tout cela fut mijoté à feu doux, rigoureusement calibré. Et il va de soi qu'un intrus repéré sur la propriété d'une vice-présidente des Etats-Unis se ferait descendre non pas par le gentil mari, mais par le Secret Service. Néanmoins, choisir de démystifier la possession d'armes, entre deux blagues innocentes et avec une aisance inédite pour une démocrate, est une stratégie qui pourrait se révéler payante dans certains Etats clés.
Car dans le lot d’électeurs indécis, on trouve beaucoup de propriétaires d'armes à feu, dont la plupart n'y voient pas grand inconvénient à éloigner les gosses des flingues et de mieux fouiller les antécédents. Kamala Harris, en tant que femme américaine non blanche, fait d'ailleurs partie de cette large frange de citoyennes ayant décidé de se procurer une arme depuis la pandémie de Covid-19. Pour «se protéger», comme la candidate l'a d'ailleurs précisé elle-même.
Si cette petite astuce politique ne va pas pour autant la hisser au rang d'héroïne au sein de la très puissante National Rifle Association of America, elle aura permis de recentrer le très émotionnel débat sur les armes aux Etats-Unis, en réinvitant les démocrates à la table. Et puis, le gun de Kamala Harris rappelle ironiquement ceux de Donald Trump, que le milliardaire a dû restituer à la justice depuis sa condamnation pénale à New York.
Bang, bang?