Jimmy Kimmel est la cible et le sniper en même temps
Il était considéré comme l'un des monologues les plus attendus de l'histoire des Late Show: le discours d'ouverture de Jimmy Kimmel était très, très attendu. L'ovation du public présent avant sa prise de parole n'a surpris personne. L'humoriste est devenu, depuis six jours, le parangon de la liberté d'expression (bafouée) aux Etats-Unis. Pour rappel, son émission avait été suspendue après ses remarques concernant l'assassinat de l'influenceur pro-Trump Charlie Kirk.
Jimmy Kimmel n'a pas flanché dans sa prise de parole, il ne s'est pas caché. Et d'enchaîner: «Ce qui compte, c'est que nous puissions vivre dans un pays qui nous autorise à présenter une émission comme celle-ci.»
Jimmy Kimmel is back!
Au milieu de cette suite de mots, c'est un tacle bien senti adressé au président des Etats-Unis, un certain Donald Trump. Un rappel prégnant du Premier Amendement de la Constitution américaine. En d'autres termes, la liberté d'expression (ou le free speech).
Une piqûre de rappel bienvenue, alors que JD Vance dénonçait, en février de cette année, un recul de la liberté d'expression en Europe lors de la conférence de Munich. Un comble.
Kimmel a rappelé la chance de vivre dans une nation comme les Etats-Unis, pour exprimer des avis, des saillies impossibles à prononcer dans des pays comme la Russie ou du Moyen-Orient.
Face à la horde de critiques et ces opposants republicains, même de l'autre bord, des personnes telles que le sénateur Ted Cruz ont rappelé l'importance de pouvoir continuer à dire ce qu'on veut, tout en restant dans le domaine du raisonnable. L'animateur a eu l'occasion de le souligner:
Malgré les désaccords, le discours aux accents d'unité a dérivé vers le décès de Charlie Kirk, saluant, les trémolos dans la voix, le courage de Erika Kirk.
L'équilibre est désormais le maître-mot pour Kimmel, lui qui n'hésite pas à coiffer la casquette de sniper quand il s'agit de viser Donald Trump, mais qui devra désormais avancer couvert et sur ses gardes sur un terrain miné par des trumpistes susceptibles. Cette lutte clanique qui sert la soupe d'une narration orchestrée par Trump et ses sbires, cultive l'égocentrisme envahissant du locataire de la Maison-Blanche.
Jimmy Kimmel reste en place et le président américain n'a pas réussi à faire plier la chaîne ABC, qui n'a pas cédé à la pression d'un chef d'Etat qui s'enferme dans une forme de logique de pouvoir coercitif.
Trump n'a pas manqué de le rappeler sur son réseau social Truth:
Et comme il en a l'habitude, il se réserve le droit de trainer devant les tribunaux ABC (une chaîne qui appartient à Disney) pour en retirer quelques bifetons, mais surtout pour museler toujours plus les voix dissonantes. Si Trump criait que c'était «une grande nouvelle pour l'Amérique», Kimmel parlait, le mardi 23 septembre que retirer son émission de l'antenne n'était «pas légal», que ce n'était surtout «pas américain». Un tacle et un drapeau américain tatoué sur le coeur.
Alors, si la démocratie a gagné une bataille, la guerre n'est de loin pas gagnée. Rappelons que près de 70 millions de foyers américain n'ont pas pu voir l'émission. Les groupes Sinclair et Nexstar, propriétaires d’un grand nombre de chaînes locales aux Etats-Unis et couvrant près d’un quart de la portée nationale d’ABC, ont maintenu leur censure. Le spectre de Donald Trump reste bien présent.
