Cette semaine, Israël a procédé à ses premières distributions d'aide à Gaza, par le biais d'une organisation créée de toutes pièces et censée remplacer l'ONU. Le résultat est très clair: l'opération a tourné au massacre. A plusieurs reprises, les soldats de Tsahal ont tiré sur la foule de Palestiniens amassés devant les centres d'aide humanitaire. Des dizaines de personnes ont été tuées, ont déclaré les autorités palestiniennes et les Nations unies. Israël a reconnu les tirs.
Peut-on imaginer quelque chose de plus abominable que de tirer sur des personnes en train de mourir de faim, victimes d'une famine généralisée sciemment déclenchée par ces mêmes forces armées? Entre-temps, la distribution d'aide a de nouveau cessé à Gaza.
Les mots manquent pour nommer cette nouvelle démonstration d'inhumanité fournie par Israël. L'ONU a, à juste titre, qualifié ces agissements de «crimes de guerre». Mais cette expression paraît bien fade au vu de l'ampleur absolument inimaginable de l'épuration ethnique menée par Benyamin Netanyahou dans la bande de Gaza.
Il n'y a plus de place pour le doute. Les intentions des autorités israéliennes ont d'ailleurs toujours été limpides et assumées. Cela fait une année et demie (pour ne parler que de la dernière phase de ce conflit) que l'Etat hébreu bafoue systématiquement toute règle de droit humanitaire international, sous les yeux du monde et sans vraiment s'en cacher - il suffit de penser aux récentes déclarations de plusieurs responsables israéliens, appelant à la «destruction totale» de Gaza et à la «déportation» de ses habitants.
Ces sinistres propos reflètent la situation sur le terrain: bombardements massifs faisant fi du principe de proportionnalité; frappes aveugles ciblant écoles, hôpitaux et centres d'abri; déplacements massifs des populations; utilisation de la famine comme arme de guerre; emprisonnements arbitraires; torture. La liste pourrait continuer. Selon l'Unicef, Israël a tué plus de 15 000 enfants palestiniens depuis le 7-Octobre. Le nombre total des victimes, en grande partie civiles, dépasse les 53 000.
Il est important de souligner que tous ces actes ont été documentés par nombre d'organisations humanitaires, initiatives académiques et enquêtes journalistiques. Le consensus, sur ce point, est total. Israël est en train de commettre un «nettoyage ethnique», voire un «génocide», dans la bande de Gaza. C'est également ce qu'a affirmé, en début d'année déjà, l'influent quotidien israélien Hareetz. Il titrait:
Même plusieurs gouvernements occidentaux, alliés de longue date d'Israël, ont commencé à critiquer son offensive, plus ou moins timidement. Un retournement de veste sans doute motivé par des considérations intéressées, tardif et hypocrite, mais qui en dit long sur l'urgence de la situation humanitaire sur place.
Soutenir Israël n'est plus possible. Excuser, nuancer ou minimiser ses agissements équivaut à nier une réalité qui crève les yeux. Cela fait longtemps qu'il n'est plus question de légitime défense. Nous assistons, en direct depuis notre canapé, à la destruction programmée et systématique d'un peuple. C'est un massacre révoltant et monstrueux, et trouver des raisons pour le justifier l'est tout autant.