Des centaines de milliers de dollars. En cryptomonnaies. Sans bouger de son QG secret au Nigeria. Le cybercriminel Ehiremen Aigbokhan était à deux doigts de réussir son coup, une sorte d’Ocean’s Eleven de la politique américaine, où Donald Trump campait le pauvre Terry Benedict, propriétaire du Bellagio. Dans le rôle du coffre-fort du casino? Les fonds du comité Trump-Vance, chargé de financer l’investiture du 47e président des Etats-Unis, le 20 janvier dernier.
Ehiremen Aigbokhan et ses complices ont effectivement déployé une arnaque à grande échelle, pour détourner les dons en cryptomonnaie à destination de la team Trump. Comment? En utilisant des adresses e-mail se terminant par «@t47lnaugural.com» avec un «l» minuscule au lieu de «@t47inaugural.com» avec un «i» minuscule, explique notamment CNBC.
A une lettre près, les électeurs de Trump croyaient donc converser avec Steve Witkoff, alors coprésident du comité d’investiture Trump-Vance. Une astuce plutôt classique, qui porte même un nom de code: l’arnaque «419», une «fraude nigériane» particulièrement réputée.
Durant les dernières semaines avant l’inauguration organisée à Washington, le jeune criminel de 28 ans, qui opérait depuis Lagos, a ainsi réussi à détourner plusieurs centaines de milliers de dollars. Une bande organisée extrêmement efficace, puisque, dès qu’un morceau du butin leur parvenait, il était immédiatement réparti sur différents portefeuilles numériques, brouillant ainsi les pistes. Mais une transaction en particulier a fait s’écrouler le plan presque parfait.
Le 26 décembre 2024, un donateur a cru faire un don d’environ 250 000 dollars, alors que son argent est parti partout, sauf dans les poches du comité d’investiture. Une partie de ces cryptomonnaies s’est retrouvée sur le compte Binance de Ehiremen Aigbokhan, au Nigeria. Hélas pour l’arnaqueur, le FBI a bien bossé et a pu rapidement retrouver sa trace. Il ne reste plus qu'à mettre la main sur le pactole.
Et, pour l’heure, les autorités américaines ont déjà pu mettre la main sur 40 000 dollars, selon le dossier du ministère public, grâce notamment à l’étroite collaboration de Binance, la plateforme d’échange de cryptomonnaies utilisée par les voyous.
Enfin, si tout accuse Ehiremen Aigbokhan, il serait toujours en liberté à Lagos et pourrait bien n’être jamais inquiété s’il ne quitte pas le Nigéria.
(fv)