Quelque part dans les livres d'histoire américaine, entre Pearl Harbor et le 11 septembre, le 6 janvier 2021 aurait pu rester gravé comme une de ces dates rassembleuses. Un moyen de souder les Américains, au-delà de l'horreur et de la consternation. Deux ans plus tard, force est de constater que l'assaut du Capitole est complètement passé à côté de son potentiel fédérateur.
Difficile, il est vrai, de souder les Américains sur une journée dont le déroulé et les versions restent aussi âprement débattus. Sur ce qui s'est passé ce jour-là, pas de consensus.
Malgré l'accumulation de milliers de preuves brutes et d'auditions, autant de couches de crème au beurre dans un drôle de layer cake d'anniversaire, 800 pages de rapport détaillé et posé il y a quelques jours sur la table par la commission d'enquête.
En moins d'un an d'enquête, le public américain a reçu une quantité gigantesque d'informations sur le 6 janvier, sa préparation et ses responsables. Un cadeau, sans doute, trop copieux.
Et qui échoue à répondre à la principale question: «Et si...?»
Un sondage publié cette semaine révèle que seule la moitié des Américains pense qu'il s'agissait d'une attaque contre la démocratie. Près de 35% estime que Donald Trump n'est pas responsable.
Le 6 janvier 2021, la Constitution avait rarement vogué aussi près du précipice. Le système a tenu bon. Tout juste.
Les attaques se poursuivent. De manière plus subtile, peut-être, que sous les assauts d'émeutiers armés de drapeaux MAGA, de torches et de T-shirts à la gloire des suprématistes blancs.
Dans le cœur des Américains et les opinions dominantes du parti républicain, le «grand mensonge» de Trump gonfle, creuse et prolifère comme des métastases. Le test de résistance de la démocratie américaine est loin d'être terminé. A elle de résister à l'assaut.