Depuis plusieurs jours, l’Union européenne ne cessait de répéter qu’un accord avec les Etats-Unis sur le différend douanier était à portée de main. Les négociateurs des deux camps semblaient s’être entendus. Il ne manquait plus que le feu vert de Donald Trump.
Mais celui-ci n’est jamais venu. Le président américain a finalement décidé que, dès le 1er août, l’Union européenne – principal partenaire commercial des Etats-Unis – devra s’acquitter de droits de douane uniformes de 30% sur l’ensemble de ses exportations vers le marché américain.
Les seuls secteurs exemptés sont ceux déjà soumis à des tarifs spécifiques, comme l’acier et l’aluminium, taxés à hauteur de 50%. Trump a annoncé sa décision samedi dans l’une de ses désormais fameuses lettres, publiées sur sa propre plateforme de médias sociaux.
Donald J. Trump Truth Social 07.12.25 08:31 AM EST pic.twitter.com/Q7YHQaKuqM
— Commentary Donald J. Trump Posts From Truth Social (@TrumpDailyPosts) July 12, 2025
A Bruxelles, l’annonce a immédiatement déclenché le passage en mode crise. Des droits de douane d’une telle ampleur frapperaient particulièrement l’Allemagne, première puissance industrielle et exportatrice du continent. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mis en garde:
Elle a affirmé que l’Union européenne restait prête à poursuivre les négociations avec Washington jusqu’à la date butoir du 1er août, tout en avertissant que Bruxelles «prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre les intérêts de l’UE», y compris l’adoption de «contre-mesures appropriées».
A 30% tariff on EU exports would hurt businesses, consumers and patients on both sides of the Atlantic.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) July 12, 2025
We will continue working towards an agreement by August 1.
At the same time, we are ready to safeguard EU interests on the basis of proportionate countermeasures.
Celles-ci pourraient entrer en vigueur dès lundi à minuit. Il s’agirait alors du rétablissement de droits de rétorsion sur une série de produits représentant 21,5 milliards d’euros, décidés après l’instauration des tarifs américains sur l’acier et l’aluminium. Ces mesures avaient été suspendues tant que les discussions avec les Etats-Unis restaient ouvertes. Ce moratoire arrive désormais à échéance.
Une réunion d’urgence des ambassadeurs des Etats membres est prévue dimanche à Bruxelles. Des divergences de stratégie sont récemment apparues au sein de l’UE:
La volte-face du président américain inquiète aussi en Suisse. A Berne, les négociations avec Washington semblaient, elles aussi, proches d’aboutir, du moins selon plusieurs sources bien informées. Ne manquait plus, disait-on, que la signature de Donald Trump pour sceller le «deal».
Or, cette signature s’avère tout sauf acquise. Trump n’hésite pas à désavouer ses propres équipes, y compris son secrétaire au Trésor Scott Bessent et son ministre du Commerce Howard Lutnick. Il a d’ailleurs proféré ces derniers jours de nouvelles menaces de droits de douane contre le Canada (35%) et le Mexique (30%), également à compter du 1er août.
Difficile de savoir s’il s’agit d’une stratégie de négociation – Trump exploitant son imprévisibilité comme un levier de pression – ou s’il cherche simplement à rester au centre de l’attention. Une chose est sûre: la planète retient son souffle à chaque fois que le président publie, sur Truth Social, une nouvelle missive adressée à un partenaire commercial. Il en a posté une vingtaine ces derniers jours.