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Pourquoi Trump est «obsédé» par le prix Nobel de la paix

Depuis des années, Donald Trump est obsédé par le Prix Nobel. Et il pourrait bien le gagner, cette année.
Donald Trump, qui se considère comme un artisan de la paix mondiale dans une série de conflits, pense que le Nobel est amplement «mérité».

Pourquoi Donald Trump est «obsédé» par le Nobel de la paix

Le président américain lorgne depuis de longues années sur le prestigieux prix suédois.
12.07.2025, 18:5312.07.2025, 18:53
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C'est lundi soir, au cours d'un dîner à la Maison-Blanche, que «Bibi» a mis le paquet. Entre l'entrée et les discussions sur les avancées potentielles pour un cessez‑le‑feu à Gaza, un somptueux cadeau a été déposé sur la table par le premier ministre israélien. Un peu comme une bague de fiançailles clinquante, mais en mieux. Une copie de la lettre envoyée par Netanyahou et proposant la nomination de Donald Trump pour le prix Nobel de la paix.

«Venant de vous en particulier, c'est très significatif. Merci beaucoup, Bibi», s'est ému le principal concerné en examinant la lettre, pendant que le reste du monde s'insurgeait de voir cette proposition émise par un homme sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI.

U.S. President Donald Trump receives a nomination letter after Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu told him he nominated him for the Nobel Peace Prize, during a bilateral dinner, with U.S. Defen ...
La lettre de recommandation a été servie en guise d'amuse-bouche.Image: REUTERS

A l'instar de Benjamin Netanyahou, de nombreux dirigeants mondiaux ont pigé que les mots «prix Nobel de la paix» avaient un effet magique sur Donald Trump. Et que, pour s'attirer les faveurs de l'impétueux président, la flatterie se révélait souvent la stratégie la plus efficace.

Et, dans le cas du Nobel, une stratégie très bon marché. Contrairement au gouvernement britannique, qui a mobilisé sa famille royale, ou finlandais, qui a mis à profit les talents de golfeur de son président, appuyer la candidature de Donald Trump pour ce prix est une manière gratuite de lui faire plaisir. Pour rappel, seuls les chefs d'Etat, les législateurs et les anciens lauréats peuvent avancer les noms des élus potentiels.

Moins de deux jours après la proposition de Benjamin Netanyahou, qui n'a naturellement pas manqué de susciter ricanements et polémiques, plusieurs chefs d'Etat africains ne se faisaient d'ailleurs pas prier pour dire ce qu'ils pensaient de la perspective de voir Donald Trump récipiendaire d’un tel prix, à l'occasion d'une visite à la Maison-Blanche.

«Bien sûr que nous soutenons la candidature»
Umaro Sissoco Embaló, président de la République de Guinée-Bissau
«Un prix Nobel de la paix, je n'y vois aucun inconvénient»
Brice Oligui Nguema, président du Gabon
«Je pense que le président Trump le mérite pour tous les efforts qu'il a fournis»
Brice Oligui Nguema
«Depuis le peu de temps que vous êtes de retour au pouvoir, vous êtes venu ces derniers mois à la rescousse de la paix»
Mohamed Ould Ghazouani, président de la République de Mauritanie

Là encore, l'intéressé était visiblement ravi. «Merci beaucoup. Très gentil. Merci. Je ne savais pas que je serais traité aussi gentiment. C'est formidable. On pourrait faire ça toute la journée», a-t-il roucoulé, manifestement touché.

Une obsession depuis des années

Voilà des années que le businessman américain convoite le Nobel de la paix, un prix avec lequel il entretient une relation amour-haine féroce. Depuis son premier mandat, en public comme en privé, Donald Trump s'est insurgé à d'innombrables reprises de ne pas l'avoir déjà raflé.

Plusieurs raisons se cachent derrière cette obsession. D'abord, un désir inextinguible de reconnaissance extérieure. Du classement Forbes 100 à la Une du Time Magazine, l'ancien promoteur immobilier accorde plus d'importance qu'il ne veut bien l'admettre aux récompenses et aux prix décernés par les élites qu'il aime tant étriller.

En témoignent ses fausses couvertures du magazine en tant qu'«Homme de l'année» accrochées dans un de ses clubs de golf, révélés par le Washington Post, il y a quelques années.

Deuxièmement, parce que... Barack Obama. Le prédécesseur de Donald Trump a été honoré par la célèbre distinction neuf mois seulement après le début de son premier mandat, en 2009.

USA President Donald Trump during the press conference at the NATO Summit in The Hague, Netherlands on June 25, 2025. (Photo by Jakub Porzycki/NurPhoto via Getty Images)
Les yeux et l'esprit du président américain sont fixés depuis des années sur le Prix Nobel.Image: NurPhoto

Donald Trump, habité par le désir ardent de surpasser ceux qui l'ont précédé, ne l'a pas oublié. En 2019, il se fendait d'une saillie révélatrice. S'il pensait effectivement mériter le Nobel «pour de nombreuses raisons», il affirme préférer qu'il soit attribué «équitablement – ce qui n'est pas le cas».

Pourquoi donc? «Ils en ont décerné un à Obama dès son accession à la présidence, et il ignorait totalement pourquoi il l'avait reçu… C'est le seul point sur lequel j'étais d'accord avec lui.» Et bim.

«Trump a dit que si Obama en avait obtenu un au début de son mandat, lui le devait aussi. Je renverserais la situation: ils devraient être traités de manière égale. Aucun d'eux ne le mérite»
John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale pendant le premier mandat de Donald Trump et désormais l'un de ses plus vigoureux critiques

Troisième raison, et non des moindres, Donald Trump ambitionne d'être un président important. De ceux qui s'inscrivent dans l'Histoire avec un grand H. Au même titre qu'il souhaite voir son visage orner un jour le célèbre Mont Rushmore, il considère le prix Nobel de la paix comme le symbole ultime de gravité et de poids historique.

Pour devenir un «artisan de paix et un rassembleur», comme il l'a promis dans son discours d'investiture, il a donc fourni de gros efforts pour mériter le précieux sésame. Entre deux frappes sur l'Iran, les décrets signés à tour-de-bras pour démanteler les agences fédérales, accélérer les expulsions et l'imposition de ses droits de douane prohibitifs, le président a négocié la libération d'Américains en Russie, en Biélorussie et en Afghanistan, s'est rapproché d'un cessez-le-feu plus large entre la Russie et l'Ukraine et tenté de mettre fin au conflit au Moyen-Orient.

Conscient toutefois du fait que sa candidature ne risque pas franchement de faire l'unanimité, Donald Trump a répété à plusieurs reprises qu'il savait pertinemment qu'il n'obtiendra «jamais» le prix Nobel. Histoire, peut-être, de pallier la déception. «Ils ne me décerneront jamais le prix Nobel de la paix», a soupiré le locataire de la Maison-Blanche en février, lors d'un échange précédent avec Benjamin Netanyahu dans le Bureau ovale.

«C'est dommage. Je le mérite, mais ils ne me le décerneront jamais»
Donald Trump, en février 2025, selon des propos rapportés par le New York Times

Une possibilité envisageable

Si la perspective de voir le républicain rejoindre Nelson Mandela, Martin Luther King ou encore Malala sur la liste des lauréats a fait s'étrangler plus de la moitié de la planète, sur le papier, rien n'est impossible.

«Bien sûr, une nomination de Netanyahou au prix Nobel de la paix est très significative. Au même titre qu'une nomination d'OJ Simpson au titre de Mari de l'année»
Ronny Chieng, dans l'émission Daily Show, ce mardi

En effet, plus tôt cette année, Anat Alon-Beck, une professeure d'origine israélienne à la faculté de droit de l'université Case Western Reserve, a soumis une lettre au comité Nobel pour avancer la candidature du président américain, sur la base de ses premiers travaux visant à obtenir un accord de paix au Moyen-Orient.

Déposée juste avant la date limite du 31 janvier, elle se trouve désormais à l'étude avant l'attribution des prix, au mois d'octobre. En attendant, l'Institut Nobel norvégien ne commente pas les nominations. Si les tentatives (relativement nombreuses) de nominer le milliardaire ont échoué par le passé, mieux vaut se préparer psychologiquement.

Après tout, ce ne serait de loin pas la première fois qu'il déjoue les pronostics.

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source: sda / allison dinner
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