Tensions avec la Colombie après une nouvelle frappe américaine
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours. Washington a menacé directement le président colombien Gustavo Petro.
Le président américain Donald Trump a qualifié Petro de «baron de la drogue» et de «pire président que la Colombie ait jamais eu». L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.
Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité Petro à «faire attention». Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de «fou».
Today, at the direction of President Trump, the Department of War carried out yet another lethal kinetic strike on a vessel operated by a Designated Terrorist Organization (DTO). Yet again, the now-deceased terrorists were engaged in narco-trafficking in the Eastern Pacific.
— Secretary of War Pete Hegseth (@SecWar) October 23, 2025
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Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total. Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.
Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts. L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.
En «conflit armé» avec les cartels
Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic. La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.
Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en «conflit armé» avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes. «Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice», a déclaré Hegseth.
Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.
Menaces inacceptables
La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas. «Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie», s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña après avoir été rappelé à Bogota pour consultation
«Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important», a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump «inacceptables».
Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines. (jzs/ats)