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Trump a choisi son vice-président

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image: getty, montage: watson

Trump a choisi son vice-président

Et son équipe de campagne n'était même pas au courant. A quoi joue-t-il?
12.01.2024, 16:5012.01.2024, 18:13
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Donald Trump a conscience que les paris vont bon train. Que les rumeurs lui sont bénéfiques. Et que chaque nouveau nom qui s'échappe d'une bouche pressée lui prouve qu'il n'a pas été lâché par ses disciples. Quelque part, ça le rassure. Le hic, c'est que le candidat lui-même jongle avec ces spéculations, au point d'accoucher d'une série de suspenses qui transforment la nomination de son vice-président en un sketch interminable.

«Je sais qui ça va être. Mais je ne peux pas vraiment vous le dire»
Donald Trump, sur Fox News, cette semaine

On dirait un gamin qui lance une devinette. Un couple qui s'écharpe sur le mode passif-agressif. Mais nous avons affaire à ce politicien buté et imprévisible, qui n'a jamais écouté les conseils de ses proches collaborateurs.

Quand Trump a posé cette bombinette sur le plateau de Fox News, mercredi, ses communicants ont ramassé leur mâchoire qui venait de s'écraser au sol. Dans son entourage, personne n'était au courant. De qui parle-t-il? De quoi parle-t-il? Pourquoi en parle-t-il? Son conseiller principal de campagne, Chris LaCivita, était trempé de malaise au moment de commenter l'échappée de son propre patron, bégayant que «tout ce que je sais, c'est ce que je viens d'entendre ce soir».

La meilleure manière de résumer cet étrange moment de télévision, c'est encore de se remémorer une séquence magique de La Flamme, dans laquelle Jonathan Cohen semble littéralement habiter dans le cerveau du milliardaire républicain.

«Mais enfin, il ne peut pas être trop tôt pour faire un choix que vous avez déjà fait»
Vincent Dedienne à Jonathan Cohen

Rien de bien étonnant venant d'un mâle en mal de flatterie. Jusqu'à sa mort, Donald Trump mordra à tout hameçon qui le hissera sous les projecteurs. Tant qu'on lui porte un certain intérêt, il est disposé à faire durer le plaisir (solitaire). Ce soir-là, taquin, le grand blond était d'ailleurs déterminé à amuser la galerie et à se laisser chatouiller l'ego, pour le plus grand plaisir de... lui-même. Au point d'adresser une droite feutrée à son pire ennemi (et ancien adversaire dans la course à la Maison-Blanche), l'ex-gouverneur du New Jersey, Chris Christie.

«J'ai déjà commencé à mieux aimer Chris Christie. Mais le nommer vice-président serait contrariant»
Donald Trump

Depuis le temps, on a compris que dans l'esprit de Donald Trump, nommer un colistier revient à camper la rockstar qui pioche un fan pour le rejoindre en coulisses. Le plus loyal et le plus fidèle, pourvu qu'il soit en pâmoison. A ce jeu-là, il faut avouer qu'il a l'embarras du choix. Et notamment une grosse louche de drôles de dames qui ont fait allégeance. De la plus instable (Marjorie Taylor Greene), à la plus redoutable (Elise Stefanik).

Depuis qu'elle a poussé deux directrices d'universités prestigieuses à la démission, pour leur incapacité à condamner fermement un éventuel appel au génocide des juifs dans leur campus, Stefanik brille de mille feux.

Certains pensent aussi à la candidate Nikki Haley, pour peu qu'elle trébuche avant la primaire républicaine. Bien que Trump Jr. a récemment avoué qu'il «ferait de grands efforts pour s'assurer» qu'elle ne fricote pas avec son père sur un ticket commun.

Mais pourquoi tant de dames? Parce que ça l'aiderait à «reconquérir les femmes de banlieue qui l'ont abandonné lors des dernières élections», nous dit le New York Times, s'appuyant sur des indiscrétions qui ont pissé de son équipe de campagne. D'ailleurs, la même théorie binaire s'applique dans l'optique d'un colistier non-blanc, afin de «tirer parti du score qu'il a réalisé en 2016 avec les Noirs et les Hispaniques». Et Trump a tout ce qu'il faut sous la main. Tim Scott, le tout frais Byron Donalds, Wesley Hunt et... l'extrémiste hyperactif et (toujours) candidat à la présidentielle, Vivek Ramaswamy.

«Trump, je le déteste passionnément»

Un dernier joker, qui s'accroche malgré lui au fond du bac à spéculations, fait littéralement frémir les plus à gauche: Tucker Carlson. Populaire, influent, intelligent, fringant, dangereux, paranoïaque et surtout dénué du moindre sens moral, l'ancienne star de Fox News a toutes les qualités requises pour incarner le chien d'attaque d'un président qui promet d'être «un dictateur une journée», s'il venait à être élu.

D'accord, Tucker «déteste Trump passionnément» et considérait en décembre que «Dieu devrait me crier dessus très fort pour que j'accepte d'être candidat à la vice-présidence». Mais ils ont les mêmes obsessions: frontières, classes populaires, atomisation du «deep state», intervention limitée des Etats-Unis dans les conflits de la planète et America great again. A ce point que son aisance pourrait faire de l'ombre au daron.

Cette hystérie prématurée à la vice-présidence raconte trois choses.

  1. Le candidat républicain possède une telle avance dans les sondages que la question est légitime.
  2. Les ultraconservateurs sont nombreux à ne pas cracher sur un peu plus de lumière. Ils sont tout aussi nombreux à ne pas faire d'insomnie à l'idée de partager l'affiche avec un type qui risque de finir sa vie en prison.
  3. Donald Trump rêverait de nommer Donald Trump.

Et cette troisième explication résume à elle seule la propension du milliardaire à évoquer son futur vice-président sans le nommer. Parler d'un colistier, c'est faire monter la mayonnaise et s'assurer d'une couverture médiatique non-judiciaire pendant quelques jours.

Parions même que Trump n'a pas la moindre idée de l'identité de son partner in crime. Et qu'il s'en fiche éperdument.

Donald Trump dédicace la poitrine d'une jeune femme
Video: watson
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