Meilleure qu'attendu et portée notamment par un rebond des exportations, la croissance de 5,4% affichée par la Chine au premier trimestre lui apporte une bouffée d'oxygène. Mais des analystes préviennent: de fortes turbulences économiques sont annoncées avec la tempête de surtaxes douanières de Donald Trump.
Oui, disent des analystes, qui pointent un effet d'aubaine: les entreprises (exportateurs côté chinois et importateurs côté américain) se seraient dépêchées d'envoyer et recevoir des marchandises avant l'entrée de vigueur des surtaxes prohibitives de Donald Trump sur les biens chinois.
Certes, les mesures prises par le gouvernement chinois pour stimuler la consommation des ménages, faible depuis la pandémie, ont également contribué aux bons chiffres économiques du premier trimestre. Mais la tempête pointe.
Donald Trump a imposé des surtaxes douanières allant jusqu'à 145% sur une grande quantité de produits chinois. La Chine a répliqué avec des droits de douane de rétorsion de 125% sur les marchandises américaines importées.
La présidence américaine a déclaré que la balle était désormais «dans le camp de la Chine». Mais Pékin, tout en appelant Washington au «respect», a répondu n'avoir «pas peur» de poursuivre la guerre commerciale, qui montre peu de signes d'apaisement.
Cette position combative du géant asiatique masque toutefois une inquiétude bien réelle vis-à-vis de l'impact des droits de douane américains, car l'économie chinoise est très dépendante des exportations.
Comme le prédit Heron Lim, analyste chez Moody's Analytics, la tempête de surtaxes déclenchée en avril par Donald Trump «se répercutera dans les chiffres du deuxième trimestre»:
Louise Loo, analyste du cabinet Oxford Economics, met également en garde:
La Chine a reconnu mercredi que l'environnement économique mondial devenait «plus complexe et plus difficile» et que les surtaxes douanières américaines exerçaient une «pression» sur son économie.
Le gouvernement avait lancé l'an passé une série de mesures volontaristes pour tenter de relancer l'économie: une baisse des taux d'intérêt, la levée de restrictions sur les achats de logements ou encore un soutien renforcé aux marchés financiers.
Mais après une envolée en Bourse, alimentée par l'espoir d'un grand plan de relance, l'optimisme était retombé devant des politiques jugées insuffisantes par les marchés.
Avec la guerre commerciale avec Washington, potentiellement dévastatrice, les analystes s'accordent à dire que Pékin pourrait se sentir contraint d'en faire plus pour stimuler la consommation intérieure et protéger l'économie des surtaxes américaines.
La crise de la dette dans le secteur immobilier - un frein persistant à la confiance des consommateurs - reste un handicap majeur pour l'économie:
«L'effondrement du marché immobilier reste la préoccupation numéro un» des Chinois, ajoute-t-elle, car l'achat d'un logement est souvent réalisé avec les économies d'une vie. Elle note encore:
«Nous continuons de tabler sur un plan de relance de 2000 milliards de dollars, axé sur la consommation, les infrastructures, la rénovation urbaine et la réhabilitation des quartiers insalubres», conclut Yue Su, de l'Economist Intelligence Unit.