Canada: Carney joue la survie de son gouvernement sur son budget
Le Parlement canadien s'apprête à se prononcer lundi sur le projet de budget du Premier ministre Mark Carney, qui a choisi de doubler le déficit pour relancer l'économie de son pays, et joue, avec ce vote, la survie de son gouvernement minoritaire.
Elu pour faire face à Donald Trump et à ses politiques protectionnistes, Mark Carney doit rallier deux députés d'opposition –- ou obtenir des abstentions -– pour faire adopter le texte, et éviter de nouvelles élections.
A quelques heures du vote, les discussions au sein de certains partis se poursuivaient et le suspense reste entier.
Le chef du gouvernement canadien, ancien banquier central, affirme que le projet de budget, axé sur le lancement de grands projets d'infrastructures, est une réponse "audacieuse" aux bouleversements économiques mondiaux et aux attaques américaines.
Il a répété la semaine passée:
Les politiques de Donald Trump, qui a imposé des droits de douane à son allié et récemment stoppé toutes les négociations commerciales bilatérales, frappent en effet déjà durement le Canada, faisant grimper le chômage et mettant sous pression les entreprises dans des secteurs cruciaux (automobile, aluminium, acier).
La semaine dernière, Mark Carney a affirmé que les droits de douane américains et l'incertitude qu'ils créent «coûteront à la population canadienne autour de 1,8% du PIB».
Toutefois le quasi-doublement du déficit pour 2025-26 (prévu à 78,3 milliards de dollars canadiens, soit environ 48 milliards d'euros), est fortement critiqué par les partis d'opposition, notamment les Conservateurs.
Ces derniers, qui totalisent 144 sièges, ont annoncé qu'ils voteraient contre le budget.Tout comme le Bloc Québécois, parti indépendantiste (22 sièges), qui estime qu'il s'agit «d'un déficit libéral avec des idées conservatrices».
Quant au Nouveau parti démocratique (gauche, 7 députés), qui a souvent soutenu les gouvernements libéraux minoritaires, il n'avait pas annoncé de décision finale dimanche. Son chef intérimaire Don Davies a estimé que le projet de budget «n'était pas à la hauteur de la situation».
Si les Libéraux (170 sièges sur 343) ne parviennent pas à convaincre les deux députés qu'il leur manque, ils pourraient aussi bénéficier des abstentions. Les partis politiques ont conscience que, selon les sondages, la majorité des Canadiens ne souhaitent pas de nouvelles élections quelques mois seulement après le dernier scrutin, qui s'est déroulé en avril. (afp/svp)
