Le déplacement du président Macron, qui vise à renouer le dialogue en face-à-face après trois ans à distance en raison de la crise sanitaire, aura un important volet économique: il est venu avec plus de 50 chefs d'entreprises françaises, dont ceux d'Airbus, EDF et Veolia. Le président, jeudi, a appelé à ne pas se «désassocier» de la Chine et a assuré:
De son côté, Ursula von der Leyen a rappelé via Twitter que «le déficit commercial de l'UE (vis-à-vis de la Chine) augmente en raison de pratiques discriminatoires» et dit avoir discuté avec le Premier ministre chinois de «comment rééquilibrer notre commerce».
L'objectif des deux dirigeants européens est de faire entendre leur voix auprès de Xi Jinping, proche allié de Moscou qu'ils ne désespèrent pas de voir jouer un rôle pour la paix en Ukraine.
Ces dernières semaines, la pression internationale est montée d'un cran sur la Chine pour l'inciter à s'impliquer pour la paix en Ukraine. Car, si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n'a jamais condamné l'invasion russe ni même parlé au téléphone avec son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky.
A l'inverse, il s'est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son alliance avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron a l'ambition d'«être une voix qui unit l'Europe», raison pour laquelle il a convié la présidente de la Commission européenne à l'accompagner, comme il l'a rappelé mercredi dans un discours.
Le président français Emmanuel Macron, en visite d'Etat à Pékin, a déclaré jeudi à son homologue chinois Xi Jinping qu'il comptait sur lui pour «ramener la Russie à la raison» vis-à-vis de l'Ukraine. Le chef d'Etat français a lancé à Xi, lors d'une rencontre bilatérale officielle:
De son côté, le président chinois a salué les liens avec la France dans un monde en «profonde mutation historique».
A l'issue de leur rencontre, les deux présidents ont fait une déclaration conjointe. Il faut «une reprise des discussions au plus vite pour bâtir une paix durable», a notamment plaidé le chef de l'Etat français, tandis que son homologue chinois a estimé que «les armes nucléaires ne peuvent pas être utilisées» et condamné toute «"attaque contre des civils», dans des déclarations conjointes à l'issue d'un entretien bilatéral à Pékin.
Reçu dans la matinée par le premier ministre Li Qiang, Macron «a évoqué le conflit en Ukraine», selon la présidence française. «Dans ces temps troublés que nous traversons», il a souligné «l'importance» du «dialogue entre la Chine et la France».
Une réunion trilatérale se tiendra un peu plus tard en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, également à Pékin.
De son côté, von der Leyen, reçue par Li Qiang, a souligné que «les relations UE-Chine sont devenues complexes ces dernières années, et il est important qu'on discute ensemble de tous les aspects de cette relation aujourd'hui», surtout dans cet «environnement géopolitique volatil».
Rembobinons un peu pour répondre à cette question. Au premier jour de sa visite d'Etat de trois jours, le président français a estimé mercredi que Pékin pouvait jouer un «rôle majeur» pour «trouver un chemin de paix» en Ukraine, invoquant le document en 12 points sur la position chinoise publié en février.
Ursula von der Leyen, de son côté, a lancé une mise en garde nettement plus sévère la semaine dernière à Bruxelles:
«Maintenant qu'elle a prononcé son discours, elle est clairement dans le collimateur de Pékin car elle a exposé une vision assez ferme et dure à l'égard de Pékin qui n'est pas du tout celle d'Emmanuel Macron», explique à l'AFP Marc Julienne, de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
«On va voir comment ils vont se répartir les rôles», ajoute-t-il.
Mais «jouer au bon flic et au mauvais flic entre Macron et von der Leyen à Pékin affaiblirait instantanément le récit européen d'un front uni», avertit dans une note d'analyse Antoine Bondaz, de la Fondation pour la recherche stratégique.
Cette visite survient à un nouveau moment de tension autour de la question de Taïwan, juste après la rencontre, aux Etats-Unis, entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre américaine des représentants, le républicain Kevin McCarthy.
Jeudi, Pékin a promis des «mesures fermes et énergiques» et l'île autonome a aussitôt annoncé avoir détecté trois navires de guerre et un hélicoptère anti-sous-marin chinois à proximité.
La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle entend ramener à terme dans son giron. (jah/ats)