«Rien n'avance»: un mois après les inondations tragiques qui ont fait 230 morts et des milliards d'euros de dégâts dans le sud-est de l'Espagne, fatigue et lassitude accablent les sinistrés, qui travaillent toujours d'arrache-pied pour un retour à la normale.
Catarroja, au sud de Valence, porte encore les stigmates de la catastrophe. Des dizaines de véhicules s'entassent à l'entrée de la ville dans des cimetières d'épaves improvisés.
Vendredi soir, un mois jour pour jour après la catastrophe causée par des pluies diluviennes, des rassemblements doivent avoir lieu dans plusieurs des communes touchées, à l'appel d'organisations locales, de syndicats et d'associations.
Ces manifestations pourraient prendre plusieurs formes, certains ayant même évoqué des actions symboliques à 20h11 précises, soit l'heure à laquelle les autorités de la région de Valence – de loin la plus touchée avec 222 victimes – avaient fini par lancer une alerte sur les portables de la population pour l'informer du danger, plus de douze heures après l'alerte de l'Agence nationale de météorologie.
«Il reste encore énormément de travail à faire, il y a des centaines de garages et de sous-sols inondés, des bâtiments endommagés, des entreprises fermées, des voies coupées, des villages entiers qui n'ont pas encore retrouvé une vie normale», avait reconnu de son côté mercredi le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez devant les députés.
Jeudi, son ministre de l'Economie, Carlos Cuerpo, a énuméré les dommages causés par les inondations à partir de données des assurances: 69 000 habitations, 125 000 véhicules et 12 500 commerces ont été touchés.
Peu à peu, la situation s'améliore toutefois dans les villes sinistrées, où les routes principales ont été dégagées.
Mais, même si une fine couche de poussière rougeâtre a remplacé la boue qui recouvrait tout après la tragédie, le retour à la normale n'est pas encore acquis pour de nombreux habitants.
Dans le sous-sol de Lourdes Real, «la boue arrive jusqu'aux chevilles au premier niveau, et jusqu'au-dessus du genou au second», souligne cette coiffeuse de Catarroja, 46 ans, qui n'a toujours pas repris le chemin du travail. «Nous avons perdu deux voitures, la moto, six cartons de vêtements (...) des photos et des effets personnels, que je ne vais pas récupérer», déplore la mère de famille:
En tout, le gouvernement a promis 16,6 milliards d'euros d'aide et de prêts, et des milliers de soldats, pompiers et policiers sont déployés pour les opérations de nettoyage et de reconstruction, sans parvenir à faire taire totalement les critiques visant les politiques depuis la tragédie.
Signe que le mécontentement reste vif, une nouvelle manifestation doit avoir lieu samedi à Valence, la capitale régionale, où quelque 130 000 personnes avaient déjà défilé au début du mois pour réclamer la démission de Carlos Mazón et dénoncer la gestion jugée chaotique des secours par le gouvernement Sánchez. (ats/afp)