L'Agence météorologique espagnole (Aemet) a rétrogradé au niveau «orange» son alerte pour la province andalouse de Malaga (sud), et pour la région de Valence (est), où le souvenir des inondations tragiques qui avaient fait au moins 224 morts il y a deux semaines à peine faisait craindre le pire aux sinistrés.
L'agence publique avait placé mercredi soir ces deux régions en alerte rouge, soit le niveau maximal possible, en région d'un risque d'inondations «extrême» lié à la présence d'une nouvelle «goutte froide», une dépression isolée à haute altitude assez fréquente en automne sur la côte méditerranéenne espagnole.
Selon l'Aemet, des pluies torrentielles sont bel et bien tombées durant la nuit de mercredi à jeudi, avec des cumuls de 110 litres d'eau par mètre carré (110 millimètres) relevés à Alcudia de Veo, dans l'arrière-pays de Valence, et de 88 litres (88 mm) à Chiva, village déjà frappé par les inondations de fin octobre.
Mais ces fortes précipitations n'ont provoqué que peu de dégâts, même si des rues ont été inondées et si des routes ont été ponctuellement coupées, aussi bien en Andalousie que dans la région de Valence. Surtout, elles n'ont pas fait de nouvelles victimes, selon les autorités.
«La nuit a été compliquée. Nous n'avons jamais vu autant de pluie», a témoigné sur la télévision publique TVE Jordi Mayor, maire de Cullera, une cité balnéaire située au sud de la ville de Valence, en précisant que des rues de sa ville étaient encore «impraticables» jeudi matin.
En raison de ces nouvelles intempéries, le gouvernement régional de Valence avait annoncé mercredi une série de mesures préventives sur un total de 163 communes, avec des fermetures de classes et des restrictions de circulation.
Dans la région de Valence, des restrictions de circulation ont été mises en oeuvre dans plus d'une centaine de communes, où les classes ont par ailleurs été suspendues jeudi. La remise en circulation des trains entre Madrid et Valence, prévue jeudi matin, a par ailleurs été repoussée.
A Malaga, où le trafic aérien a été fortement perturbé mercredi, plus de 4200 personnes ont été évacuées de façon préventive, principalement près du Guadalhorce, une rivière menacée de débordement. L'école a par ailleurs été suspendue pour près de 500'000 écoliers.
Pour Jess Neumann, professeur d'hydrologie à l'université de Reading, au Royaume-Uni, «la rapidité des évacuations a probablement permis de sauver de nombreuses vies». Cela «montre à quel point il est possible et nécessaire d'agir rapidement lorsque des alertes sont émises», a-t-il jugé dans une note d'analyse.
Jeudi, un début de retour à la normale était néanmoins visible dans les zones concernées. A Malaga, la Billie Jean King Cup de tennis a ainsi pu débuter, après un report de 24 heures lié à la pluie.
Dans la région de Valence, les restrictions à la circulation des voitures de particuliers ont par ailleurs été levées, tandis que le trafic ferroviaire avec Madrid a repris en fin de matinée, pour la première fois depuis quinze jours.
Ce retour à la normale est cependant plus compliqué dans les zones ravagées par les inondations du 29 octobre, où les travaux de déblaiement et de remise en état des infrastructures se poursuivent, tout comme la recherche des 16 personnes encore portées disparues.
Cette dernière se concentre «sur une bande de 200 kilomètres de long et 60 kilomètres de large», notamment près de l'embouchure du fleuve Turia, où les corps pourraient avoir été charriés par les flots, a précisé Rosa Touris, porte-parole du Cecopi, comité d'urgence mis en place après les inondations.
En raison de ces nouvelles pluies, l'audition du président de la région Carlos Mazón, censé s'expliquer jeudi devant le parlement régional sur sa gestion de la catastrophe, a été repoussée à vendredi.
Le dirigeant conservateur, qui fait l'objet de vives critiques pour sa gestion des inondations du 29 octobre, pourrait annoncer à cette occasion un remaniement de son gouvernement, selon des médias espagnols.
(ats)