Il est présenté comme la «Maison-Blanche de demain», comme le socle du prochain mandat présidentiel de Donald Trump. Ce think thank, l'America First Policy Institute, fait nettement moins de bruit (ou de vagues) que les 900 pages du «Project 2025» pensé par l'Heritage Fondation (auquel Trump a assuré ne pas appartenir), présenté comme le saint Graal d'une politique ultraconservatrice et puritaine.
Or cet autre groupe de réflexions (de droite) s’est imposé comme le principal partenaire de la campagne de Trump dans l’élaboration de projets concrets pour se retrouver au pouvoir, constate le New York Times. Un impact qui témoigne de la discrète stratégie de ce think thank – même Kamala Harris n'a jamais fait mention de l'AFPI, au contraire de l'Heritage Fondation.
L'AFPI est née sur les cendres encore chaudes de la défaite de Donald Trump, fin 2020. Une idée a fait son chemin chez Brooke Rollins (présidente de l'organisation et qui était l'une des favorites pour être chef de cabinet) et Linda McMahon (épouse de Vince McMahon, l'ancien grand patron du catch). Dans un second temps, elles ont approché Tim Dunn, un milliardaire texan qui a fait fortune dans le pétrole. Deux autres Texans ont alors rejoint l'équipe pour fonder le think thank.
Le groupe est rapidement devenu un lieu d’accueil où les anciens collaborateurs de Trump pouvaient toucher des salaires à six chiffres en attendant les prochaines élections. Une sorte de sas de futurs candidats qui pourraient trouver refuge dans le gouvernement de Trump à la Maison-Blanche. C'est même une liste, avec des noms tels que Robert Lighthizer, Keith Kellogg, Larry Kudlow, Chad Wolf ou encore Linda McMahon.
L'ossature de ce projet représente la base idéologique de la politique de Trump, fonctionnant comme une opposition au «Projet 2025». Ce sont deux groupes qui sont très similaires à certains égards, mais ils le sont tellement qu’ils finissent par être rivaux plutôt que de s’unir, relatait Ken Bensinger, journaliste au Times sur les ondes de NPR.
Il y a même eu des tensions qui ont éclaté, il y a un peu plus d’un an, lorsqu’un employé de l'Heritage Foundation a accusé l’AFPI d’avoir «copié» son projet de transition dans un courriel qui a atterri dans la boîte mails de plusieurs médias.
Pour mieux cerner le programme, voici les contours dans les grandes lignes:
Ce dernier point est l'un des axes principaux de l'association. C'est une manière de procéder à un grand ménage dans les institutions publiques et licencier à tour de bras les fonctionnaires qui auraient l'audace de remettre en cause la politique trumpiste, analyse le NYT.
Le groupe, par le biais d'un communiqué, clame qu'il assure travailler pour une bonne raison:
Faire infuser la politique républicaine à la Maison-Blanche, la rendre toujours plus solide avec une droite ligne conservatrice, voilà l'idée définie et bétonnée par le think thank.
Une politique intransigeante, car selon Ken Bensinger, lors du premier mandat de Trump, tous les maillons du gouvernement ne lui étaient pas assez fidèles et avaient freiné les désirs politiques de l'homme d'affaires. En résumé, l'AFPI souhaite balayer les grains de sable qui pourraient enrayer la machine trumpiste.
En témoigne des centaines de décrets pensés par l'AFPI, qui sont prêts à être signés dès l'arrivée de l'oracle des républicains dans le Bureau ovale.
Si le groupe de réflexion s'est toujours montré discret sur ses liens avec le futur président, quand bien même Politico écrivait que certains républicains voyaient le groupe comme un «acteur clé» de la transition, l'argent a coulé à flot dans les caisses de campagne. Les membres actuels du conseil d'administration ont collectivement fait don de plus de 31 millions de dollars au super PAC de Donald Trump au cours du cycle électoral, dont 20 millions de dollars de la seule Linda McMahon, affirmait en octobre le New York Times.