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Crash d'avion à Washington: une pilote transgenre accusée à tort

Cette pilote militaire américaine a peur pour sa vie à cause de Trump

Accusée à tort du crash d'avion mortel à Washington, la pilote militaire transgenre Jo Ellis fait face à une vague de haine en ligne. Entre menaces et désinformation, sa carrière est en suspens alors que les droits des personnes transgenres sont au cœur des tensions politiques aux Etats-Unis.
03.03.2025, 17:0103.03.2025, 17:01
Anuj CHOPRA / afp
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Plaçant précautionneusement son arme sur le comptoir de sa cuisine, Jo Ellis, pilote militaire transgenre, explique qu'elle ne quitte plus son domicile sans être armée depuis qu'elle est accusée en ligne, et à tort, d'être impliquée dans la collision mortelle entre un hélicoptère militaire et un avion de ligne en janvier. Cela lui a valu de recevoir un torrent de haine en ligne.

Jo Ellis, pilote d'hélicoptère pour la Garde nationale de l'Etat américain de Virginie
Jo Ellis, pilote d'hélicoptère pour la Garde nationale de l'Etat américain de VirginieImage: AFP

Stopper le «délire transgenre»

Sa carrière de pilote d'hélicoptère pour la Garde nationale de l'Etat américain de Virginie est en suspens depuis la publication la semaine dernière d'une note de service du Pentagone indiquant que les personnes transgenres seront expulsées de l'armée, sauf dérogation spéciale.

Aux Etats-Unis, les droits des personnes transgenres sont un sujet brûlant et l'un des volets des guerres sociétales qui divisent les camps républicain et démocrate. Donald Trump en a d'ailleurs fait un aspect central de sa campagne présidentielle en 2024, promettant de mettre fin au «délire transgenre».

Arrivé au pouvoir, il a pris une série de décrets parmi lesquels la reconnaissance de seulement deux sexes, masculin et féminin, et la restriction des procédures de transition de genre pour les personnes âgées de moins de 19 ans.

Sur les réseaux sociaux, des dizaines de milliers de publications ont faussement accusé Jo Ellis, 35 ans, d'être la pilote de l'hélicoptère militaire qui est rentré en collision avec un avion de ligne fin janvier à Washington – un accident qui a fait 67 morts au total, ne laissant aucun survivant.

«Quand j'ai réalisé la proportion que prenait cette affaire et que j'ai vu les commentaires, la première chose que je me suis dite est: "Est-ce que ma famille est en sécurité?"»
Jo Ellis

«Nous sommes des cibles»

«J'ai pris une sécurité privée armée pour chez moi et j'ai fait mes valises», explique-t-elle en montrant ses armes à feu. Dans la foulée, elle a temporairement fait déménager sa famille et a publié sur Facebook une vidéo montrant qu'elle était vivante - et donc pas la pilote de l'hélicoptère. Elle voit les accusations et l'hostilité qui la visent comme un impact bien réel de la désinformation qui touche les personnes trans, déjà ciblées par la rhétorique de nombreux responsables politiques républicains.

«Maintenant, nous sommes des cibles»
Jo Ellis

En ligne, plusieurs personnes ont suggéré que ce serait sa haine pour Donald Trump qui l'aurait poussée à conduire son hélicoptère dans un avion de ligne. Une accusation qu'elle trouve bizarre pour une personne comme elle «qui a plus voté républicain que démocrate» dans sa vie.

Ses supérieurs hiérarchiques l'ont assurée de leur soutien et l'ont informée que la note du Pentagone ne leur avait pas été officiellement transmise, l'encourageant donc à continuer son activité de pilote.

«Je vais continuer à faire mon travail. Je ne suis pas sûre de remplir les critères pour bénéficier d'une dérogation spéciale, mais j'épuiserai tous les recours pour continuer à servir sous les drapeaux»
Jo Ellis

Dans un texte publié sur internet récemment, Jo Ellis explique qu'elle a commencé à reconnaître chez elle des signes de dysphorie de genre à l'âge de cinq ans, mais les a cachés à sa famille, religieuse et conservatrice. Plus jeune, elle a essayé d'être «plus masculine», espérant que cela la «guérisse», dit-elle.

Lorsqu'elle a prévenu sa hiérarchie en 2023 qu'elle allait commencer sa transition de genre, elle se souvient avoir reçu «un large soutien».

«Si j'étais dans l'armée aujourd'hui et que je n'avais pas commencé ma transition, je réfléchirais à ne pas le faire. Ou à quitter l'armée.»
Donald Trump n'a pas aimé se faire sermonner
Video: watson
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